Psychologie de la santé L2 PSYCHO

HISTOIRE DE LA PSYCHOLOGIE DE LA SANTE

Bibliographie du CM : 

BLOIS-DA CONCERCAO (2016). Les fondements de la psychologie de la santé. 

BRUCHON-SCHEWEITZER et BOUJUT (2014). Psychologie de la santé. Concepts, méthodes et modèles. FISCHER et TARQUINIO (2014). Les concepts fondamentaux de la psychologie de la santé. 

FISCHER ET TARQUINIO (2014). Psychologie de la santé. Applications et interventions. 

MIKOLAJCZAK (2013). Les interventions en psychologie de la santé. 

FISCHER. (2005) Traité de psychologie de la santé. 

MORIN (2004). Parcours de santé. 

SANTIAGO-DELEFOSSE (2002). Psychologie de la santé. Perspectives qualitatives et cliniques. BRUNCHON-SCHEWEITZER ET QUINTARD (2001). Personnalités et maladies. Stress, coping et ajustement. BRUNCHON-SCHWEITZER et DANTZER (1994). Introduction à la psychologie de la santé. 

1. Ancrage dans la psychologie médicale 

Liens psyché/soma : des réflexions anciennes, dès l’antiquité (cf. Socrate, Hippocrate, Galien, Descartes, etc). Psyché : aspect psychique du fonctionnement humain, conscient et inconscient. 

Soma : aspect physique. 

⇨ Dans la psychologie de la santé on associe la psyché et le soma. 

Année 70 : naissance de la psychologie de la santé 100 ans après la naissance de la psychologie. Elle a émergé en Amérique du nord, puis en Europe. 

Elle se structure par rapport à l’intégration des connaissances issues des études biomédicales et épidémiologiques, et des hypothèses psychosomatique et comportementale. C’est une discipline intégrative qui reprend plusieurs domaines : médecine, sciences sociales, épidémiologie, etc. 

Histoire croisée de la psychologie et de la médecine 

Dans la seconde moitié du 19èmesiècle vont s’organiser, sous l’impulsion de l’association américaine de médecine, la formation et la pratique médicale. Le champ de la santé est concentré dans les mains des médecins, c’est purement biomédical et on en prend en compte que la santé du corps en oubliant l’impact psychologique sur le corps. 

Les autres aspects du soin sont considérés comme secondaires et pas forcément important. Il n’y a pas d’échange entre les psychologues et médecins sur les questions psyché/soma. 

Shepherd Ivory Franz, au début du 20èmesiècle, plaide pour une mise en relation des deux disciplines avec l’aide de l’APA (Association Américaine de Psychologie) et recommande la formation en psycho dans la formation médicale. C’est l’un des rares membres de l’AMA étant psychologue. 

Année 30/40

-prise en compte grandissante des facteurs psychologique dans la médecine, bien que les psychologues restent peu impliqués dans la formation en psychologie chez les médecins. 

-développement de la psychologie médicale : éclairage psychologique sur les problématiques rencontrées en médecine, qui est une discipline étroitement liée à la psychiatrie. 

-les spécialistes des traitements des maladies mentales voient s’élargir leur mission qui prend en compte la santé de manière un peu plus large. 

-nécessité de prendre en compte le fonctionnement psychologique du malade et des soignants, bien qu’elle se concrétise difficilement sur le plan pratique. 

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Développement de la psychologie médicale 

On retrouve dès l’antiquité une opposition entre une médecine de la 

maladie (organe malade) et une médecine holistique centré sur 

l’homme malade en globalité. 

La psychologie médicale est née de la volonté de prendre en compte 

le malade dans sa globalité. Aujourd’hui, cette psychologie médicale 

ne se limite plus aux champs de la santé mentale du patient, mais 

intervient dans des faits plus larges. Elle concerne tous les faits de la 

pratique médicale où intervient, d’une manière ou d’une autre, un 

facteur psychologique. 

Benony : « La psychologie médicale est une synthèse étroite entre recherche et praxis dans le champ des spécificités médicales. Son objet d’étude concerne les situations diverses proprement individuelles et concrètes des souffrances corporelles, ce qui en fait une psychologie appliquée aux cas individuels en souffrance somatique ». 

2. Contribution de la médecine psychosomatique 

Hippocrate peut être considéré comme précurseur de la psychosomatique (théorie des humeurs). C’est une approche globale et humaniste : 

-Unité du corps et de l’esprit 

-Importance des efforts de l’organisme vers la guérison. 

-Individu comme un tout qui réagit à des stimulis interne et externe 

-Pas de séparation psyché/soma 

-4 humeurs (bile jaune, bile noir, phlegme et sang) associées à des qualités physiques 

-Médecine naturelle en opposition à une médecine divine. 

Bécache : « Dès le début de l’histoire de l’humanité et de la médecine, les hommes ont évoqué que les sentiments et les émotions avaient un retentissement sur le corps mais ce sont les progrès de la médecine moderne qui permettent d’établir des mécanismes dans lesquels l’émotion était à l’origine d’une maladie, avec ses caractères et son évolution propre. » 

Exemple : lien entre dépression et maladies cardiovasculaire -> développement de comportement à risque. 

Développement de la psychosomatique psychanalytique 

1818 : apparition du terme « psychosomatique » avec HEINROTH. Le problème est qu’il est rentré dans le langage courant sans pouvoir poser une réelle définition. 

20èmesiècle : les observations des psychanalystes européens posent les jalons de la discipline. 

GRODDEK : la pathologie (maux physique) serait un moyen de survivre en exprimant des aspects refoulés du ça. Toutes les maladies sont des souffrances enfouies du ça. Le psychanalyste doit pouvoir décoder le langage symbolique. MAIS faible résultat thérapeutique donc faible validité scientifique. 

Apport de la psycho-physiologie 

Année 30 : travaux sur le stress aux USA. 

Cannon, Selye, Meyer et Wolff : on observe, avec les modèles animales, que dans les conditions de stress l’organisme est soumis à des tensions et déclenche un certain nombre de symptôme. Des événements perturbateurs peuvent être à l’origine de certains symptômes. 

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Naissance de la médecine psychosomatique 

C’est un champ interdisciplinaire de la médecine étudiant le rôle et la signification des facteurs psychiques dans l’apparition et le développement des maladies. Elle est d’avantage basé sur les preuves. 

Ecole de Chicago (1950)

Flanchers Dunbar (1943) : hypothèse d’un lien spécifique entre type de personnalité et maladies. Remise en question par des recherches récentes, c’est surtout dû à des comportements pathogènes (cigarette, drogue, comportement à risque). 

Alexander (1950) : spécificité des conflits émotionnels comme sources de certaines maladies. Ulcère, asthme, etc. qui serait associé à des conflits émotionnels bien particulier (conflit avec la mère par exemple). 

Ecole de Paris

Marty et M’Uzan : notion de « pensée opératoire » (pensée très concrète qui ne laisse pas de place à la pensée fantasmatique). Fonctionnement mental des malades psychosomatiques caractérisé par l’absence de mentalisation (faible accès à la symbolique). 

Ecole de Boston

Apfel et Sifneos : concept d’ « alexithymie » (incapacité à verbaliser et à déchiffrer les émotions, faible activité fantasmatique, style cognitif pragmatique et très ancré dans le concret/dans les faits). Elle peut être réactionnel à la maladie (exemple : quand on est malade d’un cancer, on peut être dans une phase de sidération qui rend difficile d’exprimer ses émotions). 

Apport de la psycho-neuro-immunologie : meilleure compréhension des mécanismes liant les facteurs psychologiques aux phénomènes somatiques. On admet qu’il y a des relations entre le soma et la psyché (voies immunologiques comme les hormones), dans les deux sens (la maladie a une influence sur la santé psychique et inversement). 

3. Emergence de la psychologie de la santé 

Année 50 : orientation plus cognitive et comportementale des recherches en psychosomatique (dev des TCC). 

Il y a un abandon progressif du modèle biomédicale pour une approche plus éclectique : 

Guze, Matarazzo et Saslow (1953) : « médecine compréhensive ». Prise en compte des facteurs biomédicaux, environnementaux et psychosociaux dans la compréhension des maladies. 

Année 60 : les recherches sur le stress s’intéressent au coping = effort cognitifs et comportementaux pour faire face au stress, mécanisme adaptatif face au stress. On s’intéresse à ce qu’il se passe au milieu, les stratégies adaptatives qui sont associés de manière indirecte à la maladie. Ce qui explique les différences de résultats en termes de maladie. Elle se différencie des mécanismes de défense qui renvoie à des mécanismes inconscients. Le coping est mis de manière consciente par les individus (exemple : manger plus avant un examen stressant, ou stratégie distractive, etc.). 

Année 70 : émergence de la « médecine comportementale » = application des connaissances et techniques issues des sciences psychosociales, comportementales et biomédicales, aux domaines médicaux. 

Médecine comportementale : enseignements fondamentaux du béhaviorisme (comportement observable) qui vont donner naissance à cette médecine. => Prévention, recherche, diagnostic, traitement et réhabilitation des malades. 

2 constats vont participer au développement de la psychologie de la santé

-Schofield (1969) : seulement 10% des publications de 1966-1967 consacrées aux problématiques de santé physique. Avec ce constat la recherche en psycho santé est pauvre, focalise l’intérêt de certain chercheur sur les aspects somatique. 

-APA Task Force on Health Research : faible implication des psychologies US dans les études sur les problématiques de santé/maladies. 

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1975 : création de la section « recherche en santé » au sein de la division 18. Elle n’a pas de division à part entière. 1978 : meeting de Toronto : création de la division 38 au sein de l’APA grâce à une pétition. C’est la vraie naissance d’une section de la psychologie de la santé. Elle est présidée par MATARAZZO. 

Il existe 56 divisions, et aujourd’hui, celle-ci est classé 6ème

En Europe … 

1986 : officialisé avec la création de l’European Health Psychology Society avec l’aide de MAES. 1996 : premier master pro en psychologie de la santé en France (université de Bordeaux). 2001 : création de l’Association Francophone de Psychologie de la santé. 

Facteurs ayant participé au développement de la psycho de la santé 

-Déclin des maladies infectieuses et accroissement des 

maladies dites de « civilisations » (morbimortalité : nombre 

de cas de pathologie et de décès lié a cette maladie). 

-Reconnaissance des causes comportementales de ces 

maladies : prise de risque routier, tabac, alcool, 

consommation trop riche en gras, etc. 

-Escalades du coût sociétal des soins médicaux : met en avant 

l’intérêt de la prévention pour limiter les coûts à cause de 

l’augmentation de l’espérance de vie. 

-Passage d’une médecine centrée sur la guérison à une 

médecine préventive

-Reconnaissance des limites de l’approche médicale 

traditionnelle (uniquement par les facteurs biologiques). 

-Développement au sein de la psychologie de méthodes et 

d’outils centrés sur la prévention et la promotion de la 

santé. 

Recherche d’alternatives au système traditionnel de santé. 

-Passage du modèle biomédical à un modèle 

biopsychosocial

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