Psychologie du Développement L3 PSYCHO

Psychologie du Développement – Acquisition du Langage Oral et Ecrit

Bibliographie :

– Chanquoy, L. & Negro, I. (2004). Psychologie du développement.

– Bideaud, J., Houdé, O., et Pédinielli, J.L. (1993). L’homme en développement.

– Case, R. (1985). Intellectual development: Birth to adulthood et The mind’s staircases : Exploring the conceptual underpinnings of children’s thought and knowledge.

– Gaonac’h, D. et Larigauderie, P. (2000). Mémoire et fonctionnement cognitif : La mémoire de travail.

– Houdé, O. (2004). La psychologie de l’enfant.

– Karmiloff, K. et Karmiloff-Smith, A. (2001). Pathways to language.

– Lécuyer, R. (2004). Le développement du nourrisson.

– Lehalle, H. et Mellier, D. (2002). Psychologie du développement. Enfance et adolescence. Cours et exercices.

– Siegler, R.S. (2000). Intelligences et développement de l’enfant. Variations, évolutions, modalités.

– Stassen-Berger, K. (2012). Psychologie du développement.

– Tourrette, C. et Guidetti, M. (2002). Introduction à la psychologie du développement : du bébé à l’adolescent.

– Troadec, B. et Martinot, C. (2003). Le développement cognitif : théories actuelles de la pensée en contexte.

– Vauclair, J. (2004). Développement du jeune enfant : Motricité, perception, cognition.

Plan du cours :

I. Rappel : La théorie constructiviste de Jean Piaget.

1. Piaget, son œuvre et sa position théorique :

a. L’auteur et son œuvre : Piaget (5 août 1896, Neuchâtel – 16 septembre 1980, Genève).

b. Position théorique de Piaget.

2. Le développement selon Piaget :

a. Les principales notions.

b. Les facteurs responsables du développement.

c. Qu’est ce que l’intelligence selon Piaget ?

3. Les périodes du développement intellectuel :

a. Le stade de l’intelligence sensori-motrice (de 0 à 24 mois environ).

b. L’intelligence opératoire (de 2 à 12 ans environ) :

. La fonction symbolique ou sémiotique (de 2 à 7 ans) : Le jeu, L’image mentale, Le dessin, Le langage, La pensée égocentrique, La pensée intuitive.

. La pensée opératoire concrète (de 7 à 12 ans) : Opérations « logico-mathématiques » et opérations infra-logiques.

. Conclusion : l’importance des représentations.

c. L’intelligence formelle (de 11/12 à 16 ans) :

II. Après Piaget : l’apport des néo-structuralistes.

1. L’intelligence sensori-motrice est-elle si limitée ?

a. Les capacités perceptives :

. La précocité de la perception (Gibson & Walk, 1960)

. La catégorisation grâce à la perception. 

. Les relations entre modalités sensorielles.

. La coordination vision-préhension.

b. L’imitation (Meltzoff & Moore, 1977 in Bideaud et al., 1993; Zazzo, 1945).

c. La permanence de l’objet (Bower, 1977).

d. Le nombre (Mehler & Dupoux, 1990 ; Wynn, 1992, in Bideaud, 1999).

e. Bilan.

2. L’intelligence opératoire de Piaget à travers les théories néo-structuralistes :

a. Un nouveau courant : théories néo-structuralistes avec Juan Pascual-Leone et Robbie Case.

b. La théorie des opérateurs constructifs (T.C.O.) de Pascual-Leone (1970, 1976) :

. Présentation.

. Les systèmes subjectif et métaconstructif dans la théorie T.C.O.

. Le fonctionnement du méta-sujet.

. Le développement dans la théorie de Pascual-Leone : Capacité M = e + K.

c. La théorie de Case (1985, 1992) :

. Présentation.

. Les structures du modèle.

. Les stades de développement :

– Le stade sensori-moteur :

+ Sous-stade 0 : La consolidation opérationnelle (0 – 4 mois).

+ Sous-stade 1 : la coordination unifocale (de 4 à 8 mois).

+ Sous-stade 2 : La coordination bifocale (8 – 12 mois).

+ Sous-stade 3 : La coordination élaborée (1 – 1 ½ ans).

– Le stade relationnel (de 18 mois à 5 ans).

– Le stade dimensionnel (de 5 à 11 ans).

– Le stade dimensionnel abstrait, ou stade vectoriel (de 11 à 18 ans) : Voir schéma du modèle dans Chanquoy & Negro (2004), figure 6, p. 138.

d. Bilan de ces modèles.

3. Les critiques apportées au stade de l’intelligence formelle :

a. L’universalité du stade formel et les différences de performances.

b. Impact de la situation sur le fonctionnement cognitif au cours du raisonnement formel.

c. Le modèle de Robert Siegler (1978) :

. Les règles de fonctionnement (« rule-assessment approach »).

. La tâche d’équilibre de la balance.

I. Rappel : La théorie constructiviste de Jean Piaget.

1. Piaget, son œuvre et sa position théorique :

a. L’auteur et son œuvre : Piaget (5 août 1896, Neuchâtel – 16 septembre 1980, Genève) :

Piaget n’était pas un psychologue mais un biologiste. Cela lui a permis d’avoir un regard différent sur le développement de l’enfant. Sans doute surdoué, il a publié son premier article à 16 ans et soutenu sa thèse (sur les mollusques) à 22 ans puis s’est intéressé au développement des enfants.

Claparède était le maitre de Piaget.

Il y a un institut Jean Piaget à Genève.

Ce qui intéressait Piaget ce n’était pas le développement de l’enfant mais le cheminement qu’il va emprunter pour arriver au fonctionnement cognitif d’un adulte performant, comprendre le fonctionnement cognitif adulte et comment cela évolue de la naissance à l’âge adulte. Il s’intéressait au langage, notion de temps et d’espace, quantité, mémoire, raisonnement,… Pourquoi y a-t-il ces différentes étapes et comment arrive-t-on à un fonctionnement adulte ?

Ce qui sera critiqué dans les travaux de Piaget ce n’est pas la théorie, mais le moment de l’apparition des différents stades. Au jour d’aujourd’hui tous les stades ont été avancés : il y a un décalage entre les réelles capacités des bébés et les stades de Piaget.

b. Position théorique de Piaget :

C’était un cognitiviste à tendance clinique. Il n’a pas fait d’études avec des échantillons conséquents, il s’est surtout basé sur l’observation. Il a emprunté des concepts au courant empiriste et au positiviste (ou rationaliste).

Différence entre empirisme et positivisme :

– Le courant empirique se base sur l’expérience. Pour les empiristes, l’expérience est source de connaissance et peut se mesurer. On est donc sur du quantitatif : il y a une tentative de quantification du développement.

– A l’opposé, pour les positivistes, l’organisation et les connaissances préexistent. On va donc essayer de les appliquer à notre environnement, au réel. Il y a un test des effets de nos connaissances sur l’environnement, de leur efficacité.

A partir de là, sa théorie est qualifiée de structuraliste (se base sur des structures cognitive) et de constructiviste (l’enfant va élaborer son propre développement, le développement se construit). L’enfant construit et structure son propre développement.

Sa théorie repose sur 3 postulats :

– Le réel (l’environnement) est formé par des entités organisées.

– L’individu est actif : ses actions et connaissances sont organisées a priori (avant tout), et vont être réorganisées au fur et à mesure des contacts avec l’environnement → Schèmes.

– L’organisation du réel et l’organisation de l’individu ne sont pas immédiatement isomorphes/compatibles. Par conséquent il va falloir que ces deux organisations s’ajustent mutuellement : l’environnement va s’adapter à l’individu et inversement.

C’est à partir de ces 3 postulats que Piaget a bâti sa théorie constructiviste à cause de l’activité de l’individu (il construit sa connaissance grâce à son activité dans l’environnement) ; Structuraliste : tous les individus passent par les mêmes étapes. Et interactionniste grâce à l’interaction entre l’individu et l’environnement.

2. Le développement selon Piaget :

a. Les principales notions :

Pour Piaget le développement est  la conséquence exclusive de l’action des enfants sur leur environnement. Par la répétition des mêmes actions sur son environnement, l’enfant va construire des schèmes (aujourd’hui appelés représentations stockées en MLT).

Schème : c’est une entité abstraite qui est à la base de toutes les actions de l’individu. Ils peuvent être simples, s’ils conduisent à une seule action, ou complexe s’ils impliquent plusieurs actions.

Les psychologues vont parlés de scriptes ou schémas.

Les schèmes vont évoluer grâce à l’assimilation et l’accommodation.

Assimilation : on absorbe des éléments de notre environnement sans nous modifier (incorporation). C’est l’environnement qui s’adapte au sujet. Des synonymes de l’assimilation sont l’incorporation et l’intégration, en clinique on parlerait d’introjection.

Accommodation : nous nous adaptons à l’environnement, il va falloir accommoder nos schèmes pour pouvoir continuer à interagir avec notre environnement. C’est le sujet qui va modifier sa construction interne pour s’adapter à l’environnement, qui lui n’est pas assimilable.

→ Assimilation : incorporation du réel à soi ; accommodation : ajustement de soi au réel.

→ Assimilation + Accommodation = Adaptation.

C’est le besoin qui est à la base de l’interaction entre l’enfant et l’environnement, qui est donc à la base de ces différents processus. A chaque fois que l’équilibre entre l’assimilation et l’accommodation est rompu, il va falloir créer de nouveaux schèmes ou adapter ceux déjà présents → l’équilibration. Pour retrouver un équilibre.

C’est ainsi que vont se dérouler les différentes phases du développement, avec l’adaptation et la création de nouveaux schèmes. Toute cette  chaîne va conduire l’enfant à créer, en réponse à l’environnement, des schèmes de plus en plus spécifiques qui vont permettre une meilleure adaptation (chaque déséquilibre entre les schèmes et l’environnement permet d’atteindre un niveau supérieur, selon Piaget). L’équilibre se caractérise par sa stabilité, fragile et remise fréquemment en cause. Cela renvoie à l’importance de l’action de l’individu sur son environnement.

Piaget a décrit ces différentes étapes dans des stades qui ont un ordre croissant et constant de succession des différentes acquisitions de l’enfant. Chaque stade va devenir partie intégrante du stade suivant (intégration des stades). Il y a toujours la même mécanique de description, sachant que chaque stade sera intégré dans le stade suivant et sera regroupé dans une période ou un niveau de développement. Les stades sont organisés en niveau ou en période. Le passage d’un stade à l’autre se fait grâce à l’équilibration, il ne se fait pas de façon automatique : le stade n’est plus efficace, il va donc être changé.

b. Les facteurs responsables du développement :

Pour Piaget, il y a 4 facteurs responsables du développement :

– La maturation du système nerveux : ce qui renvoie à un certain nombre de potentialités « innées ». L’actualisation de ces potentialités dépend de la maturation mais également de l’environnement (il faut un environnement favorable). Elle est nécessaire pour permettre le bon développement.

– L’activité/action : les connaissances sont construites grâce aux actions de l’enfant sur son environnement.

– Facteur social : dans l’environnement il y a des personnes. Non seulement l’enfant interagit avec l’environnement mais aussi par l’interaction avec d’autres individus.

– L’équilibration : il va coordonner les 3 autres. Facteur clé du développement, s’il n’y a pas l’équilibration pour coordonner le tout, les trois précédents, le système ne peut pas marcher. Il est indispensable pour un bon développement et l’aboutissement à l’équilibre.

c. Qu’est ce que l’intelligence selon Piaget ?

Pour Piaget l’intelligence est la nécessité de reconstruire, à un niveau interne, des connaissances ou acquisitions qui sont devenues instables du fait de l’interaction avec l’environnement. Le développement de l’intelligence va être jalonné de ces reconstructions qui vont conduire à une succession de structures différentes que Piaget à organiser en stades et sous-stades.

Il y a 3 grands stades du développement intellectuel, qui sont caractérisé par organisation :

– Le stade sensori-moteur.

– Le stade opératoire.

– Le stade  formel.

Pour passer d’un stade à l’autre on traverse un système de déséquilibration-équilibration, issue des différentes adaptations à l’environnement. Equilibration, de manière à être toujours en phase avec l’environnement.

3. Les périodes du développement intellectuel :

a. Le stade de l’intelligence sensori-motrice (de 0 à 24 mois environ) :

Le contact avec l’environnement se fait avec les sens, de manière perceptive. Pour Piaget cette intelligence est essentiellement pratique qui ne nécessite pas de raisonnement formel. C’est une intelligence avant le langage, l’enfant a des difficultés à se représenter des objets qui sont hors de son champ visuel. La relation que fait Piaget est que l’enfant n’a pas le langage donc pas la capacité d’abstraction.

Il est caractérisé par l’égocentrisme : il ne se différencie pas de l’environnement, l’enfant est centré vers lui-même.

Il va falloir que l’enfant se décentre (décentration), il faut que l’enfant prenne conscience qu’il n’est pas l’environnement, il va falloir qu’il construise son réel. Piaget dit que l’enfant va devoir se considérer comme un objet de l’environnent. Ce qui va permettre cela est l’action, ce sont les réflexes. A partir du moment où les actions sont construites et non plus des reflexes, il va pouvoir construire des schèmes.

Réflexe → Actions construites → Schèmes.

Ce stade a était divisé en 6 sous-stades :

– Réflexes (de 0 à 1 mois).

– Réactions circulaires primaires (de 1 à 4 mois).

– Réactions circulaires secondaires (de 4 à 8/9 mois).

– Coordination des schèmes (de 8/9 à 11/12 mois).

– Réactions circulaires tertiaires (de 11/12 à 18 mois).

– Invention de moyens nouveaux pour atteindre ses buts (de 18 à 24 mois).

b. L’intelligence opératoire (de 2 à 12 ans environ) :

C’est à cette période que l’enfant va apprendre à construire des opérations logiques dans le but de mieux appréhender son environnent. Il va changer la façon dont il agissait sur l’environnement. Il va changer sa façon de réfléchir, ce qui va lui permettre de passer à une étape supérieure du développement, beaucoup plus logique.

Il parle aussi de la fonction symbolique car le langage apparait dans ce stade et Piaget lui accorde une place très importante. Grace à l’utilisation du langage tous les schèmes précédents vont être réorganisés.

On parle d’opératoire car cela signifie pour Piaget, la capacité d’intérioriser toutes les actions. Au cours de cette étape de grandes fonctions intellectuelles vont se développer comme la fonction symbolique (première étape de stade opératoire).

La fonction symbolique ou sémiotique (de 2 à 7 ans) :

Fonction symbolique : c’est la possibilité de se représenter des objets, des situations, des personnes,… en leur absence. Pour ce faire, on peut utiliser, ou non, des symboles, d’où cette appellation de fonction symbolique. Cette fonction (de 2 à 7 ans) est la première étape de l’intelligence opératoire.

La fonction symbolique ou sémiotique a une place cruciale dans ce stade dans la mesure où il s’agit de la période où l’enfant va acquérir le langage. Piaget avait pour postulat que tout ce qui a été acquis lors de la période sensorimotrice va être repensé, reconstruit : il va y avoir un chamboulement interne.

Pour décrire cette dernière, Piaget a beaucoup travaillé sur le jeu, ce dernier étant un aspect très important pour le développement car permet la mise en place des représentations mentales et des schèmes.

Piaget a aussi travaillé sur les images mentales, qui sont pour lui une autre forme de représentation. La capacité de se faire des images mentales est également une étape importante du développement.

Il a aussi fait de nombreux travaux sur l’imitation. Il en a défini deux types : immédiate et différée. Le dessin est aussi un des outils qu’il utilise pour étudier les représentations de l’enfant. Piaget va jusqu’a définir des stades spécifiques pour l’étude du dessin.

En fait, Piaget a beaucoup travaillé sur le jeu, l’image mentale (avec l’imitation immédiate, grimace et l’imitation différée), le dessin, le langage, la pensée égocentrique, la pensée intuitive.

La fonction la plus importante dans cette étape est le langage. L’enfant va découvrir qu’il peut mieux maitriser son environnement avec le langage plutôt qu’avec des pleurs ou des cris. Piaget va parler de langage égocentrique : l’enfant ne parle pas pour interagir avec autrui mais pour obtenir quelque chose de l’environnement. L’enfant va parler pour accompagner ses actions et non pas dans un but de communication. A partir de ce langage centré sur l’enfant, on va aboutir à un langage socialisé : l’enfant va parler dans le but d’avoir une conversation avec autrui.

La pensée opératoire concrète (de 7 à 12 ans) : Opérations « logico-mathématiques » et opérations infra-logiques :

Avec la pensée opératoire concrète il se produit ce que Piaget appelle la réversibilité. Il s’agit  de la faculté de faire mentalement une opération dans un sens puis dans l’autre. Cette capacité va permettre la conservation (le fait de ne pas varier en dépit des transformations subies) : du fait d’être capable d’imaginer une opération et son contraire, la conservation va être possible. On parle de conservation des quantités et des volumes.

Il y a différents types d’opérations : logico-mathématiques et infra-logiques. Ces dernières permettent à l’enfant de comprendre le monde qui l’entoure.

– Opération infra-logique : porte sur un autre niveau de réalité, se construit parallèlement et synchroniquement avec les opérations logico-arithmétiques, portant sur des objets continus, à l’intérieur du même objet (un seul objet qui se déforme), conservation du poids, de la matière.

– Opération logico-mathématique : portant sur des objets discontinus et dénombrables, rapport entre les objets.

Conclusion : l’importance des représentations :

C’est au travers des représentations que l’enfant va construire des opérations. L’appui de l’environnement n’est pas nécessaire pour permettre cette construction : l’enfant a acquis une logique qui reste concrète.

c. L’intelligence formelle (de 11/12 à 16 ans) :

L’intelligence opératoire ne signe pas l’aboutissement du développement : pour cela il est nécessaire de passer à une intelligence supérieure. Cette dernière sera indépendante du contenu. Le sujet peut alors raisonner sur des réalités virtuelles, on peut appliquer des comportements à des situations inexistantes. Il s’agit d’une période où toutes les contraintes sont libérées.

Piaget pense que tous les individus n’atteignent pas le stade formel, et donc ne franchissent pas tous les stades du développement. L’intelligence formelle n’est pas nécessaire pour accomplir les taches du quotidien.

On parle alors de raisonnement hypothético-déductif, soutenu par l’intelligence combinatoire et le groupe INRC.

Raisonnement hypothético-déductif : induction, déduction et construction d’hypothèses. Le raisonnement hypothético-déductif est la capacité qu’a l’apprenant de déduire des conclusions à partir de pures hypothèses et pas seulement d’une observation réelle. C’est un processus de réflexion qui tente de dégager une explication causale d’un phénomène quelconque. L’apprenant qui utilise ce type de raisonnement commence par formuler une hypothèse et essaie ensuite de confirmer ou d’infirmer son hypothèse.

Groupe INRC : Inversion Négation Réciprocité Corrélation. Coordination de deux systèmes qui possèdent chacun une opération directe et une opération inverse et qui sont en relation de compensation l’un par rapport à l’autre.

Piaget a apporté beaucoup à la discipline.

II. Après Piaget : l’apport des néo-structuralistes.

Piaget a impulsé énormément de travaux pour confirmer ou infirmer sa théorie.

1. L’intelligence sensori-motrice est-elle si limitée ?

a. Les capacités perceptives :

Pour Piaget, la perception est sous-tendue par l’intelligence, c’est à dire par les actions qui vont conduire le bébé à avoir certaines activités.

Donc, l’intelligence précède la perception et passe par les actions.

La précocité de la perception (Gibson et Walk, 1960) :

Gibson et Walk mettent en place une expérience pour démontrer l’existence des perceptions chez des enfants entre 8 et 12 mois. Il s’agit de l’expérience de la falaise et consiste à placer des bébés sur une table dont la moitié est à carreau et l’autre moitié est en verre transparent. Les expérimentateurs demandent à la mère de se placer du côté de la table transparente. On observe que les bébés s’arrêtent là où il y a le vide. Or, d’après les théories de Piaget, les bébés devraient continuer. Cependant, on constate des changements physiologiques chez le bébé : les battements du cœur s’accélèrent quand il arrive au bord en verre. On observe ce même type de comportement chez des enfants de 7 mois. Il a donc été démontré que les enfants peuvent percevoir les trois dimensions.

Bower a publié, en 1977, deux ouvrages sur les capacités perceptives précoces des bébés. Il y détaille un grand nombre d’expériences et montre que les bébés sont effectivement capables d’anticiper et d’éviter des balles.

http://www.collegeahuntsic.qc.ca/Pagesdept/Sc_Sociales/psy/introsite/images/falaise.jpg

La catégorisation grâce à la perception :

De Boysson Bardies démontre que les bébés sont capables de distinguer deux syllabes qui ne diffèrent pas énormément, et ce à partir d’un mois. Alors que, selon Piaget, la catégorisation ne serait possible qu’à partir du stade opératoire.

Les relations entre modalités sensorielles :

Pour Piaget, il n’est pas possible d’avoir des relations entre modalités sensorielles, c’est progressivement qu’elles vont être construites et rassemblées.

Différentes expériences ont montré le contraire : la falaise avec des bébés d’un mois, celle de la sucette avec des aspérités dans la bouche puis photos de celle-ci et une lisse, plus de temps de fixation. En ce qui concerne le transfert entre main et yeux ça se fait à 2 mois alors que l’inverse ne se ferait qu’à 5 mois.

La coordination vision-préhension :

Chez Piaget elle apparait au sous stade 3 (vers 4 à 8 mois). Les chercheurs ont remis en cause ce fait car cette coordination dépend de la position du bébé. En position assise il peut attraper de manière sûre un objet.

b. L’imitation (Meltzoff & Moore, 1977 in Bideaud et al., 1993; Zazzo, 1945) :

Selon Piaget, l’imitation serait impossible avant le sous-stade 3. Elle commencerait à être présente entre les sous-stades 3 et 4 et à condition qu’un modèle soit présent. Aujourd’hui, cette théorie de Piaget est la plus remise en cause.

La première critique concerne l’imitation immédiate qui serait, selon la plupart des auteurs, bien plus précoce. Preyer, en 1899, observe de telles conduites chez ses enfants à partir de 15 mois. Meltzoff & al., ont présenté des modèles faciaux à des bébés entre 12 et 21 jours après la naissance. Zazzo avait constaté ce type d’imitation chez son fils à 25 jours. Les enfants devaient imiter un geste présenté par le modèle. Les expérimentateurs ont remarqué que les bébés présentent très tôt des conduites imitatives. Ces comportements d’imitations sont présents bien avant par rapport à ce qu’avait décrit Piaget.

L’imitation différée, chez Piaget, est encore plus tardive. Or, là encore, Meltzoff a montré la présence de conduites d’imitation différée dès l’âge de 9 mois après un délai de 24h, avec de grandes variabilités inter-individuelles.

c. La permanence de l’objet (Bower, 1977) :

La permanence de l’objet débute, selon Piaget, au sous-stade 3. Petit à petit, l’enfant prend conscience qu’un objet qui sort du champ visuel peut être conservé.

Piaget met en évidence l’erreur A non B : consiste à chercher un objet là où il était caché (A) avant qu’il soit caché ailleurs (B). L’enfant, n’ayant pas acquis la permanence de l’objet, ne peut pas comprendre que l’objet a été déplacé. Bower a montré que la permanence de l’objet est plus précoce que ce qu’avait montré Piaget. L’erreur A non B n’est pas intellectuellement compliquée pour l’enfant, mais elle est compliquée d’un point de vue moteur. Si on change d’exercice, l’enfant sera capable de trouver l’objet. Il va donc imaginer un autre dispositif, toujours avec des écrans, de sorte à vérifier la permanence de l’objet. Pour cela il montre un objet à un enfant, alors qu’il le fixe, Bower fait passer un écran à la verticale devant l’objet. Après le passage de l’écran, l’objet peut être encore présent ou avoir disparu. Dans ce dernier cas, l’enfant présente une expression de surprise. L’expérience a été faite sur des enfants de 3 mois et de 8 semaines. Il a répété la même expérience en remplaçant l’objet après le passage de l’écran : on retrouve la même réaction.

Les recherches actuelles considèrent la permanence de l’objet à partir de 3 mois.

Ces recherches soulèvent la question des souvenirs chez l’enfant. Il n’y a actuellement pas de réponses à ce questionnement. L’engendrement des connaissances se fait in utero, cependant leur encodage n’est pas encore déterminé.

d. Le nombre (Mehler & Dupoux,1990 ; Wynn, 1992, in Bideaud, 1999) :

Pour Piaget, la maitrise des nombres correspond au stade opératoire (7 – 8 ans). Aujourd’hui, on sait que l’enfant dispose de capacités numériques beaucoup plus tôt.

Les travaux sur les nombres montrent que les enfants, dès 4 mois, sont capables d’appréhender de petites quantités : ils peuvent faire la différence entre 2 et 3 éléments. L’expérience la plus célèbre est celle de Wynn, 1992. Le bébé voit l’expérimentateur faire passer devant un écran un premier Mickey, suivi d’un second Mickey. Lorsqu’on enlève l’écran, et qu’il ne reste qu’un Mickey là où il devrait y en avoir deux, le bébé présente des comportements d’étonnement. Ces derniers sont mesurés par le paradigme de succion. Le fonctionnement inverse (addition), fonctionne aussi.

Mehler & Dupoux reprennent l’expérience des jetons de Piaget : ils les remplacent par des bonbons. Les enfants ne se trompent pas : la ligne la plus longue (la plus espacée) n’est pas toujours celle avec le plus d’unités.

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