Introduction à la psychopathologie clinique :
« La psychopathologie peut être définie comme une approche visant une compréhension raisonnée de la souffrance psychique » Alain Ferrand
Obtenir de la relation une transformation. Jouant sur le rapport de l’existence. Idée que l’on va utiliser la parole pour changer le comportement de l’individu autour des lésions cérébrales. La neurologie et la psychopathologie vont se rejoindre. Manière dont s’exprime les troubles.
I)- Approche :
Tout savoir est potentiellement incomplet et infini. Toujours de la place pour les recherches. Particularité et hyper-complexité de l’objet humain donc épistémologie et méthodes spécifiques. L’être humain est singulier, vit dans un milieu qui lui est propre. C’est une vraie difficulté pour les recherches. On ne peut pas avoir une compréhension totale de l’individu. Il y a toujours un inconnu en soi comme chez les autres. La psyché pose la réalité dans le corps (somatique, corps, …) et est intimement lié aux corps et à la sociale. Il y aura toujours des hypothèses car nous ne pourrons jamais savoir ce dont le patient souffre. Regarde avec plusieurs angles pour pouvoir voir différentes hypothèses.
Exigences d’objectivité et de reproductibilité de l’expérience : inapplicables.
Confrontées à un champ qui associe :
- Des éléments et des effets somatiques
- Des éléments et des effets physiologiques
- Des éléments et des effets sociaux
Les sciences humaines doivent tenir compte du fond mythologique de l’humain, de son besoin de n’être pas seulement un corps mais aussi une âme.
L’être humain a besoin de créer des systèmes d’explication du monde qui parlent de lui, de ce qui se passe à l’intérieur de lui et qu’il tente d’approcher en l’objectivant au dehors.
II)- Compréhension :
Deux champs complémentaires et indissociables dans le domaine de la psychopathologie. L’idée de se représenter quelque chose. Construire un système pour une cohérence et fournir des modèles de compréhension.
Comprendre c’est d’abord contenir, saisir un ensemble d’éléments à l’intérieur d’un espace donné, au sens où on parle d’un espace compris dans un autre espace.
Comprendre c’est également montrer une suffisante identification à la souffrance de l’autre. C’est être capable de ressentir à minima les enjeux de ses comportements et de ses fantasmes en lien avec la nature de sa souffrance. Comprendre ce que veut nous dire le patient.
Avant de vouloir changer l’autre, il est préférable de comprendre l’autre. C’est un élément fondamental. On n’observe pas que l’autre, il faut aussi s’observer aussi et que le patient est un autre « moi ». Même si l’on peut vivre la même chose que le patient, cela ne signifie pas qu’il va réagir de la même manière. La vraie manipulation c’est que nous ne le savons pas. On nous met des choses dans la tête, dans notre manière d’agir, de nous comporter sans qu’on le sache, sans qu’on le sente.
III)- Raisonnée :
Pour une suffisante cohérence il faut un certain nombre d’hypothèses de base et de choix méthodologiques. Forger des concepts de façon cohérente. Repérer des forces. Rendre transmissible les connaissances.
On peut définir l’ensemble et le déployer à partir d’un certain nombre de postulats qui s’enchaînent de façon logique.
La cohérence d’ensemble introduit la transmissibilité du « savoir »
La psychopathologie se présente comme un savoir organise et ouvert, susceptible de s’enrichir et de se transmettre au-delà des conditions effectives de l’expérience.
Basé sur la métapsychologique. Le sujet n’est jamais identique. On se sort de la souffrance par le lien, on ne peut pas s’en sortir seul.
IV)- Souffrance psychique :
L’existence de l’être humain est indissociable d’une certaine souffrance liée à des pertes, des désillusions, des séparations et des renoncements.
Le problème est de savoir à partir de quel moment cette souffrance devient intolérable ou oriente radicalement l’existence dans un sens qui n’autorise plus un suffisant épanouissement
La psychopathologie s’intéresse à la souffrance qui envahit ou déborde les capacités de traitement et de transformation propres à un sujet
La souffrance implique aussi une théorie de sa source et de ses effets. La souffrance, chez l’être humain, est liée à tout ce qui échappe au processus de symbolisation subjectivante (R. Roussillon)
Vivre c’est souffrir. On ne peut pas vivre sans éprouver une certaine souffrance, ça fait partie de l’existence soit qu’elle est inévitable. C’est affronter toutes sortes de souffrances. À partir de quand cette souffrance devient handicapante, devient intolérable ?
V)- Nous souffrons de ce qui erre en nous sans assignation, sans subjectivation :
Le terme « souffrance » doit être entendu de deux façons complémentaires :
- Il s’agit de ce qui est en attente de symbolisation et reste d’une certaine façon bloquée, immobilisé et sans adresse.
- Ce blocage processuel est en lui-même source de souffrance, au sens classique du terme. Nous souffrons de ce qui est bloqué psychiquement ou en attente d’inscription psychique
Les éléments sources de souffrance ne sont pas seulement des éléments psychisés, mais souvent des éléments en attente, en besoin de psychisation, qui n’ont pas trouvé de miroir, d’écho, d’écoute, de réceptacle et restent ainsi en errance.
Transformer ce que l’on éprouve. Ce qui n’est pas entendu ne cesse de se répéter. On ne peut pas investir ce qui nous arrive mais on peut le transformer.
VI)- La psychopathologie indissociable d’une perspective de soin :
Si ce qui fait souffrir l’être humain est la conséquence inéluctable de ce qui est resté en dehors de ses capacités représentatives et symboliques, il est envisageable de proposer, pour l’aider à prendre soin de lui, de remettre en travail ce qui a été immobilisé.
Tout être humain est fondamentalement en doit d’être aidé. Tout psychologue clinicien intervenant de façon solitaire dans son cabinet de travail ou engagé au sein d’une équipe et d’une collectivité soignante, s’efforce de mettre en place les meilleures conditions de prise en charge pour tel ou tel patient.
Le soin, en psychopathologie, recouvre une gamme assez large de dispositifs. La compréhension des enjeux, l’élaboration du diagnostic et du pronostic ne peuvent se réaliser qu’à partir d’une proposition qui s’intéresse d’abord au sens de la symptomatologie.
Rendre les choses supporter, humanisé les souffrances c’est pouvoir les rendre acceptable. On transforme, faire du mieux qu’on peut avec le peu que l’on peut avoir. Ce n’est pas renoncer à la guérison, nous nous en remettons jamais totalement. Pour qu’il y ait un certain équilibre, il faut toujours travailler sur ce problème. Il faut le penser comme une thérapie.
VII)- Soigner et guérir :
Le soin en psychopathologie est différent du modèle médical de la guérison
Sens commun : guérison = le corps et ses fonctions reprennent un cours « normal », sans douleur
Guérison en psychopathologie, c’est construire les conditions d’une souffrance tolérable et acceptable, c’est échapper autant que faire se peut au principe de répétition
De même qu’en médecine toute guérison n’évite pas la mort dans la mesure où elle est le lot commun de toute humanité, le soin psychique n’évite pas la souffrance : il en propose des possibilités d’aménagement et de transformation
VIII)- Le champ du psychopathologue :
On peut définir la psychopathologie comme le noyau dur de la psychologie clinique. Différentes catégories et approche professionnelles se retrouvent : psychologues, psychiatres, psychanalystes, psychothérapeutes, anthropologues.
Différents modèles médicaux classiques de la guérison : immunologique, cancérologique, chirurgical, dermatologique, nutritionniste
La guérison « psychique » ou « l’illusion groupale de la guérison ». La rechute remet en question le modèle et amène le thérapeute à renoncer à la toute-puissance au fur et à mesure que se construit son expérience
VIX) – Faut-il renoncer à la guérison ? :
La guérison arrive de surcroit dans la citation freudienne, elle est le produit du travail psychique plus que son objectif direct. La guérison est un processus dynamique basé sur une appropriation subjective des traces laissées par les expériences.
Paradoxe : toutes maladies est une tentative de guérison, de traitement de la souffrance psychique, une lutte contre un déséquilibre qui forme des compromis, c’est-à-dire des symptômes.
La guérison : idée que l’on ne guérit jamais de nos souffrances psychiques.