Introduction à l’œuvre de Lacan
Lecture conseillée : Vendredi ou les limbes du Pacifique, Michel Tournier.
Validation du TD :
– Trois groupes pour exposés sur : le stade du miroir (7 octobre), la/les fonction(s) du père (18 novembre après-midi) et l’objet a (18 novembre matin).
– Pour les autres : travail de synthèse de 4-5 pages, sur le concept de forclusion, le concept d’angoisse, le complexe d’œdipe selon Lacan, les discours.
– L’écrit est à rendre au plus tard le lundi au retour des vacances de Noël.
– Pour les exposés : voir comment ça change, comment ça évolue, comment on le dit de nos jours, différemment de comment il a été dit à une autre époque.
Pourquoi une introduction à l’œuvre de Lacan ?
La pensée de Lacan n’est pas une pensée unique, c’est une pensée en évolution au même titre que la pensée freudienne.
C’est par ses rencontres que sa théorie est reprise et qu’elle évolue.
C’est la clinique qui a forcé les concepts à évoluer.
Les premiers textes de Lacan sont :
– Le stade du miroir, 1936.
– Les complexes familiaux, 1939.
Ces deux textes portent sur le développement de l’enfant, sur la construction du moi chez le bébé…
Lacan se rendra compte que dire que le sujet est l’effet du signifiant ne suffit plus/pas. Pour qu’il y ait du sujet il faut qu’il y ait du corps, du pulsionnel au sens propre du terme.
C’est lorsque Lacan invente le réel, il se rend compte que sans la pulsion, le signifiant n’est rien puisque le sujet ne peut pas exister.
Pourquoi oral avant anal ?
C’est par les outils de relation corporel que l’enfant va se mettre en relation : être soutenu, pouvoir avaler, crier.
L’objet a est l’objet manquant, qu’on représente par quelque chose qui se passe à la naissance : lorsqu’on coupe le cordon ombilical qui relie l’enfant au placenta (qui appartient à l’enfant). Puisqu’on le sépare d’une partie de lui, on peut le représenter comme le premier objet perdu de la totalité, une totalité qu’on ne retrouvera jamais.
Cela montre que l’homme ne peut pas se penser hors du corps. Cela va donner lieu à l’invention de l’objet a de la part de Lacan, qui correspond à un retour du réel dans la psychanalyse.
Si on reste dans la pure interprétation signifiante, on passe à coté de tout un certain nombre de choses.
Pourquoi Lacan évolue-t-il ?
C’est la destruction de la 1ère guerre mondiale qui va contribuer au changement de la pensée de Lacan. Il y a un changement radical de la conception de la vie, qu’on retrouve dans le traumatisme, le « pourquoi moi ? », « ça n’a pas de sens ».
Dans les tranchées, il n’y a plus de sens à la mort. Ca frappe au hasard, on introduit la désubjectivation dans les pensées collectives.
Il y a une nouvelle façon de parler sa souffrance : « ça se répète et je n’y suis pour rien ».
L’hystérique venait inscrire son discours dans une place recevable par les sujets de son époque.
Et c’est de même pour toutes les autres pathologies.
Après les années 50 c’est la période Structuraliste.
Il y a un mouvement de pensée particulier à cette période, qui va penser le monde en termes non pas causalistes, mais en termes d’organisation structurale.
Lacan restera toute sa vie structuraliste, ce que lui reprochent les cognitivistes.
Puisqu’il y a une liberté intellectuelle possible, on s’intéresse aux attaches de l’individu : d’où l’invention de l’inconscient par Freud.
Cependant Freud n’aurait pas pu inventer la psychanalyse en dehors du contexte de l’époque et celui qui entourait ceux qui pensaient comme lui (Nietsche, Marx, Egle…). Ils vont mettre en place une sorte de rapport à l’autre dans la philosophie. C’est une révolution.
Lacan, pour le comprendre, il faut le situer dans le temps et dans son parcours.
Dans une partie de ses textes, il parle avec un langage freudien.
Lacan souhaite se faire entendre, mais cela provoque la rupture avec la psychanalyse freudienne et ses adeptes. C’est à ce moment là qu’il sort de l’école de Paris. C’est donc face à l’orthodoxie qu’il ne peut pas changer, que l’innovation voit le jour. Tous ceux qui ont innové ont toujours été des exclus.
Ces grandes innovations sont signe de rupture.
Dans le cas de Lacan, elle se produit lorsqu’il reprend Freud. C’est une relecture « fausse » de Freud.
C’est ce qui nous illustre au plus juste le travail psychanalytique : il ne s’agit pas de découvrir la réalité, mais il s’agit de réécrire les choses.
Pour rendre compte du changement des sujets, Lacan met en place la théorie du discours. Bien loin de la théorie du signifiant, du langage. Il s’agit d’une construction parce qu’il se passe quelque chose. C’est la conséquence du mouvement de déconstruction, représenté par Verida, Guatari, Deleuse, Foucault… Ces auteurs ont en commun une époque et à l’intérieur de cette époque, ils ont en commun par rapport aux structuralistes (qui essayent de comprendre le fonctionnement).
Lacan revient au discours c’est parce que quelque chose d’un mouvement de pensée vient bouleverser la position du sujet par rapport à la société.
Ces évolutions sont destinées à rendre compte de la clinique.
Lorsque la clinique et la théorie sont en désaccord, c’est automatiquement la clinique qui a raison. Cela est du au fait que la théorie peut être modifiée, remodelée.
Forclusion : défaut d’inscription dans l’inconscient de l’épreuve normative de la castration.
Nom-du-Père : fonction paternelle telle qu’elle est intériorisée et assumée par l’enfant lui-même. Métaphore du désir de l’enfant traversé par le désir de la mère. Expression signifiante occupant la place de cette métaphore.
I. L’imaginaire, le symbolique et le réel.
1. Le symbolique :
Le terme « symbolique » ne vient pas de Lacan, mais des structuralistes et notamment de Levi Strauss.
C’est tout ce qui va concerner une mise en ordre, en forme.
Le langage est symbolique puisqu’il permet la mise en forme d’affects et de représentations. Pour parler on a besoin d’organiser nos formules, nos mots, avec une grammaire (= mise en ordre), sinon il n’y a pas de sens.
Le symbolique est ce qui met en ordre.
Si on parle de symbolique pour l’inconscient c’est parce que ce dernier est organisé en fonction de certains principes de fonctionnement :
– Principe de plaisir, qui s’oppose au réel.
+ L’inconscient ignore le temps, il n’y a pas de passé ou de futur, pour lui tout est au présent.
+ Il n’y a pas de connaissance du nom : on peut aimer et haïr en même temps.
+ Le oui et le non n’existent pas : c’est toujours présent et ça fait toujours plaisir.
+ L’inconscient fonctionne par déplacement : une chose va en fait en représenter une autre.
– Principe de condensation :
+ Un objet peut représenter plusieurs choses à la fois.
+ Cela permet d’organiser les représentations dans l’inconscient. Elles vont fonctionner selon ce modèle là, qui n’est pas le modèle de notre conscience.
+ Pour Lacan, l’inconscient est structuré comme le langage.
+ L’inconscient et la métaphore c’est représenter plusieurs idées en un seul mot.
+ Ils ont la même structure grâce à la condensation.
+ Attention : le langage ce n’est pas l’inconscient, c’est juste l’inconscient qui fonctionne comme le langage.
Dans la conscience il y a :
– Le principe de dualité.
– Le principe de temporalité.
Les symptômes, les délires et les rêves ont une organisation et un sens qui peuvent être interprétés et ramenés au sens réel. Leur organisation, ne fonctionnant pas dans l’organisation de la réalité, le travail de la psychanalyse consiste à traduite ce qui se dit dans la logique de l’inconscient à ce qui peut se comprendre dans la logique de la réalité.
Le symbolique est ce qui va mettre de l’ordre, par l’intermédiaire du langage, dans la réalité.
2. L’imaginaire et le réel :
L’imaginaire est composé des représentations que nous avons de nous-mêmes, de notre société, de notre environnement. Il est composé de sons et d’images, y compris la question de notre Moi qui est une image.
Le moi est une représentation qui transcende l’image du corps. C’est parce qu’on peut se reconnaitre de l’enfance à la vieillesse, on peut dire qu’il y a un moi.
Le moi reste constant.
C’est avec notre imaginaire que l’on va construire la réalité. Le réel désigne ce qui est toujours à la même place. Le réel va être le biologique qui compose le corps. Cependant, le réel n’est pas ce qui fait notre réalité. Pour que cela fasse notre réalité, il faut l’imaginariser.
On ne peut pas penser le réel sans le symbolique qui l’ordonne et l’imaginaire qui le représente.
L’imaginaire, le réel et le symbolique ont autant d’importance les uns que les autres, il n’y a pas de primat.
Ce qui va faire la singularité d’un individu c’est sa façon de nouer le réel, ses représentations et le symbolique qui l’ordonne. Cela dépend de l’histoire de chacun.