Psychologie Sociale – Cognition Sociale et Relations Inter-groupes
Lectures conseillées :
– Jacque Philippe Leyens : Sommes-nous tous racistes ? Psychologie des racismes ordinaires.
– Pascal Morchain : Tous racistes, petit précis des déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination.
– Croizet J.C. & Leyens J.P. : Mauvaises réputations.
– Deschamps J.C., Beauvois J.L. & Schadron G. : Vers la cognition sociale. Psychologie sociale de la cognition.
– Yzerbyt V. & Schadron G. : Connaître et juger autrui. Une introduction à la cognition sociale.
Quelques définitions :
Sherif (1966): « Chaque fois que des individus appartenant à un groupe interagissent, collectivement ou individuellement, avec un autre groupe ou avec ses membres, en termes de leur identification de groupe, nous avons un cas de comportement intergroupe. »
Fiske et Taylor (1991): « Social cognition is the study of how people make sense of other people and themselves. It focuses on how ordinary people think about people and how they think they think about people. »
Gustave Lebon :
Un des premiers psychologues sociaux.
Epoque où la société s’interroge sur les faits de société.
On l’interroge sur la place des femmes… sexiste !
« Dans les races les plus intelligentes comme les Parisiens, il y a une notable proportion de la population féminine dont les crânes se rapprochent plus par le volume de ceux des gorilles que des crânes de sexe masculin les plus développés. (…) Cette infériorité est trop évidente pour être contestée un instant, et on ne peut guère discuter que sur son degré. Tous les psychologistes qui ont étudié l’intelligence des femmes ailleurs que chez les romanciers et les poètes reconnaissent aujourd’hui qu’elles représentent les formes les plus inférieures de l’évolution humaine et sont beaucoup plus près des enfants et des sauvages que de l’homme adulte civilisé. Elles ont des premiers la mobilité et l’inconstance, l’absence de réflexion et de logique, l’incapacité à raisonner ou à se laisser influencer par un raisonnement, l’imprévoyance et l’habitude de n’avoir que l’instinct du moment pour guide. (…) On ne saurait nier sans doute qu’il existe des femmes fort distinguées, très supérieures à la moyenne des hommes, mais ce sont là des cas aussi exceptionnels que la naissance d’une monstruosité quelconque, telle par exemple qu’un gorille à deux têtes, et par conséquent négligeables entièrement. » (…)
«Vouloir donner aux deux sexes, comme on commence à le faire en Amérique, la même éducation, et par suite leur proposer les mêmes buts, est une chimère dangereuse (…). Le jour où, méprisant les occupations inférieures que la nature lui a données, la femme quittera son foyer et viendra prendre part à nos luttes, ce jour-là commencera une révolution sociale où disparaîtra tout ce qui constitue aujourd’hui les liens sacrés de la famille et dont l’avenir dira qu’aucune n’a jamais été plus funeste. »
Il est immergé dans les représentations.
Dans le premier paragraphe, distinction entre ce que l’on perçoit et les croyances antérieures.
Dans le second paragraphe, appel à la nature, croyance universelle qui affecte nos propres croyances. Interaction entre ce que nous percevons ici et maintenant et nos croyances antérieures.
Ethnocentrisme et hostilité entre groupes :
Selon Roger Brown (1986), si l’hostilité entre groupes ethniques constitue un phénomène aussi universel et, semble-t-il, si difficile à réduire, c’est qu’elle résulte de deux processus psychologiques très primitifs, et d’une condition universelle des sociétés ; ces phénomènes psychologiques sont selon lui l’ethnocentrisme et la formation de stéréotypes, et la condition de société est la répartition inéquitable des ressources.
Dès 1906, William G. Sumner définit l’ethnocentrisme comme « le terme technique pour la vision des choses où son propre groupe est le centre de tout… Chaque groupe se fait gloire de sa supériorité et considère les autres avec mépris ».
Ex : lors de l’inauguration du stade à Nice, Patrick Bruel est venu chanter. Mais il s’est fait huer. Pourquoi ? C’est un supporter du PSG. Certains spectateur du public doivent avoir chez eux des CD de ce chanteur, mais ici ce n’est plus le chanteur, mais un supporter du PSG, et le public est supporter de l’OGC Nice.
Ex : La Mettrie :
– « La viande crue rend les animaux féroces, les hommes le deviendraient par la même nourriture ; cela est si vrai que la nation anglaise, qui ne mange pas la chair si cuite que nous, mais rouge et sanglante, paraît participer de cette férocité plus ou moins grande, qui vient en partie de tels aliments et d’autres causes, que l’éducation peut seule rendre impuissantes. Cette férocité produit dans l’âme l’orgueil, la haine, le mépris des autres nations, l’indocilité et autres sentiments qui dépravent le caractère, comme des aliments grossiers font un esprit lourd, épais, dont la paresse et l’indolence sont les attributs favoris ».
– « Tel peuple a l’esprit lourd et stupide, tel autre l’a vif, léger, pénétrant. D’où cela vient-il, si ce n’est en partie, et de la nourriture qu’il prend, et de la semence de ses pères, et de ce chaos de divers éléments qui nagent dans l’immensité de l’air ? ».
I. L’interdépendance fonctionnelle : compétition et coopération.
Pour l’approche du « conflit réaliste », ainsi nommée par Campbell (1965), les conflits d’intérêts ou la présence d’exogroupes compétitifs mènent à l’hostilité et à une perception négative de cette source de désagrément. L’illustration la plus connue de l’approche du conflit réaliste est celle de Muzafer Sherif et à ses collaborateurs.
Les recherches sur lesquelles s’appuie Sherif, ont été réalisées lors de camps d’été organisés pour des groupes de jeunes garçons. La plus connue d’entre elles est demeurée célèbre sous le nom de la « Caverne des voleurs », d’après la propriété dans laquelle elle s’est déroulée (Sherif, Harvey, White et Hood, 1961). Il s’agit d’un moment de bascule : celui ou on peut étudier ça de manière expérimentale.
Cette expérience se déroule en 3 temps :
– Phase de constitution de l’inter-groupe : c’est la conception, les groupes se constituent : hiérarchie, rôles, règles… La création de groupes définis par une hiérarchie bien précise. Il commence presque toujours par une phase où les groupes se constituent : un groupe d’adolescents arrivent dans un domaine et on les laisse interagir pendant un certain temps. Pendant cette phase qui dure une semaine, le groupe s’organise. Des choses se reproduisent systématiquement pendant cette semaine : il se créé une certaine culture. Pendant l’organisation du groupe, des spécialités spécifiques à chacun vont apparaitre, une hiérarchie va apparaitre.
– Phase de conflit : annonce de l’existence d’un second groupe. Spontanément, les garçons se posent des questions, se méfient. Shérif décide d’organiser une série d’épreuves, avec un prix et une coupe. Il suppose que des sentiments hostiles vont se développer contre l’autre groupe. Et dès la fin de la première épreuve, le soir même, le groupe perdant lance un raid contre l’autre groupe. L’hostilité est en fait montée au fur et à mesure de la journée. Ils se mettent à se détester.
– Phase de résolution du conflit : Sherif cherche une solution pour faire cesser cette hostilité. En mettant les garçons en contact, ça ne marche pas. Il a l’idée de créer des buts supra-ordonnés, faire des choses communes, les faire coopérer. Et ça marche, l’hostilité baisse puis disparaît.
II. Insuffisance des explications antérieures en termes de personnalité et de frustration.
1. La personnalité :
Adorno, Frenkel-Brunswik, Levinson et Sanford (1950) : the authoritarian personnality, l’échelle F (F comme fascisme) qui est censée mesurer les tendances profondes de la personnalité potentiellement fasciste (les items de cette échelle sont relatifs à la tendance à la soumission à l’autorité, au traditionalisme, à l’antisubjectivisme, aux superstitions…).
Rokeach (1960) : l’autoritarisme mesuré par l’échelle F n’est qu’un cas particulier d’un syndrome plus général d’intolérance qu’il appelle « esprit fermé » (closed mind) ou « personnalité dogmatique ».
Le principal défaut de ces deux théories est sans doute qu’elles négligent les facteurs situationnels et socioculturels qui se révèlent souvent des déterminants très puissants (ex : Pettigrew, 1958). Elles ne peuvent pas non plus expliquer les changements rapides dans les expériences de Sherif. En outre, les garçons avaient été sélectionnés afin de ne présenter aucun trouble particulier de la personnalité.
2. La frustration :
Théorie de la frustration-agression (Dollard, Doob, Miller, Mowrer et Sears, 1939) : toute frustration déclenche une agression, et si l’agression ne peut pas être exprimée, on se tourne vers un bouc-émissaire.
Ex : Hovland et Sears, 1940 : ont exploité des archives couvrant une période de 50ans et constaté l’existence d’une relation entre le lynchage de Noirs et le niveau de prospérité économique du sud des USA (corrélation négative entre le prix du coton et le nombre de lynchages).
Ex : Butz et Yogeeswaran, 2011 : l’opinion peut être affectée. Ils demandent des avis sur les asiatiques. Quand, avant de poser la question, ils font lire un texte sur la difficulté économique des USA, l’opinion devient plus négative.
3. Insuffisance de l’approche fonctionnelle :
Donner des buts opposés conduit à l’hostilité.
Donner des buts supra-ordonnés conduit à la coopération.
S’il y a des intérêts incompatibles, l’hostilité arrive.
L’interdépendance est nécessaire et suffisante pour déclencher une tension.
Selon Doise, 1973, on peut se demander s’il subsiste bien deux groupes au terme de la troisième étape.
Comme l’indique Brewer, 1979, la compétition, l’interdépendance négative des objectifs paraît bien être une condition suffisante pour qu’apparaisse la discrimination intergroupe, mais n’est pas pour autant une condition nécessaire à l’apparition de ce phénomène.
Ex : dans l’expérience de Sherif, des idées péjoratives ont commencé à circuler avant la première épreuve de la compétition.
Condition suffisante signifie que si l’interdépendante négative existe cela suffit à déclencher le phénomène.
Sherif et coll., 1961, ont reconnu que la simple connaissance de l’existence d’un autre groupe paraissait déclencher des comportements discriminatoires.
Ferguson et Kelley, 1964, ont soigneusement évité d’induire une compétition entre les groupes. Ils obtiennent néanmoins un biais pro-endogroupe (favoriser, dans les comportements ou les perceptions, les membres de l’endo-groupe, c’est-à-dire du groupe d’appartenance), même de la part de membres qui n’ont pas directement participé au travail du groupe.
De telles observations établissent clairement qu’une interdépendance négative de buts n’est pas nécessaire pour voir s’établir une opposition entre deux groupes et un biais de jugement.
4. La théorie de l’identité sociale :
Théorie de Tajfel, 1981 ; Tajfel et Turner, 1979.
Expérience de Tajfel, Billig, Bundy et Flament (1971) : choix entre les peintres Klee et Kandinsky. Des élèves d’une école anglaise, âgés de 14 ou 15ans et se connaissant bien, prennent part à une expérience présentée comme une étude sur la prise de décision.
Ex de matrices utilisés :
Dans une étude de Brown (1978), en situation réelle, les ouvriers d’une usine de moteurs devaient utiliser des matrices semblables à celles élaborées par Tajfel pour une tache de répartition de salaires entre leur atelier et un autre. En moyenne ils préféraient perdre 2£/semaine pour autant qu’ils gagnent 1£/semaine de plus que l’autre atelier.
Pourquoi les endogroupes suscitent-ils systématiquement des jugements plus favorables que ceux des exogroupes, même si cela implique de perdre certains avantages ?
Explication :
– La différenciation catégorielle : fournit un moyen simplifié de traiter l’information en réduisant son format et en la classant dans le plus petit nombre de catégories possible.
+ Tajfel & Wilkes, 1973 : perception de lignes. Il y a un contraste inter-catégoriel et une assimilation intra-catégorielle.
+ McGarty & Turner, 1992 : même phénomène dans la perception sociale en utilisant des extraits de discours d’opinions de droite ou de gauche. Il y a un biais de contraste et d’assimilation selon qu’ils aient été préalablement classés en deux tas distincts, ou non.
– L’estime de soi :
+ Cialdini, Borden, Thorne, Wlaker, Freedman & Sloan (1976) déterminent que ce en quoi l’individu est différent peut être favorable ou défavorable à l’individu au sein de son groupe. Il y a une différence entre identité personnelle et identité sociale. A cela s’ajoute la volonté d’avoir une bonne estime de soi.
+ Ils vont faire subir un petit échec personnel, ou pas (au hasard), à des groupes de sujets lors d’enquêtes téléphoniques.
+ Lorsqu’on n’est pas dans le bon groupe, on va tout faire pour y être : on va faire en sorte que notre groupe d’appartenance devienne le meilleur.
+ Cialdini & Richardson (1980) font une étude sur le lien entre échec/succès personnel et la discrimination intergroupe. Les gens avec un score médiocre en créativité latente vont décrire leur université comme meilleure que celle d’à côté.
+ Fein & Spencer (1997) voient dans quelle mesure cette tendance à dénigrer un groupe (antisémite dans ce cas, présente dans une université) influencera un jugement de CV. Il y a la possibilité, ou non, pour les sujets d’auto-affirmation (exprimer valeurs importantes ou non) : si juste avant on donne la possibilité aux sujets de parler de leur vie et de ce qui est important pour eux, la discrimination est moins importante que dans le cas contraire. Il y a un rapport entre l’estime de soi et la façon dont nous allons nous représenter un groupe.
5. Limites du biais pro-endogroupe et réactions des groupes dominés :
a. Le système social :
Dans un système social, il peut y avoir un consensus général concernant la valeur d’un groupe. Et il en résulte que l’ethnocentrisme peut parfois être renversé.
Clark & Clark, 1947 : étude sur des enfants noirs de 3 à 7 ans, à qui on propose une poupée blanche et une noire. 3/4 des enfants préfèrent la poupée blanche à la noire.
Harba & Grant, 1970 : réplication de l’étude ci-dessus. Cette fois, 60% des enfants noirs préfèrent la poupée noire (le titre de l’article est « Black is beautiful »).
Remarque : dans une autre réplication, Jenkin (1985) constate que les enfants noirs qui montrent une préférence pour la poupée noire ont une estime de soi plus élevée que ceux qui manifestent une préférence pour la poupée blanche.
b. La justification du système :
Jost & Banaji (1984) : la justification du système renvoie aux divers processus par le biais desquels les membres d’un système social donné acceptent et justifient les conditions sociales, économiques, politiques et sexuelles, simplement parce qu’elles existent. Cela signifie que dans la mesure où des individus d’un groupe dominé manifestent une attitude de justification du système, ils négligeront l’intérêt personnel ou groupal et valoriseront le maintien du système.
Différentes expériences illustrent cette hypothèse :
– Jost & Burgess, 2000 : le sort après l’université (Maryland vs. Virginie). Les sujets ont une évaluation de leur formation qui est cohérente à ce qui leur a été annoncé précédemment par l’expérimentateur.
– Jost & al., 2003 : Askenaze et Sepharade à Tel-Aviv.
c. La légitimité du système :
Résultats d’une étude de Caddik (1982) : scores de discrimination lors de la dernière tache.
6. La réconciliation : L’hypothèse du contact :
Dans The Nature of Prejudice de 1954, Allport conseille l’instauration d’une politique générale de déségrégation dans l’habitat, l’emploi et l’éducation.
Selon lui, pour être efficace, le contact entre groupes devrait être réalisé en respectant les conditions suivantes :
– Il doit concerner des personnes ayant des statuts égaux.
– Etre prolongé et comporter des possibilités de rencontres nombreuses.
– Comporter une activité coopérative.
– Avoir le soutien des autorités.
a. Si ces conditions ne sont pas remplies, quel est l’impact du contact ?
Stephan (1978), après avoir considéré les résultats de 80 études portant sur la simple déségrégation dans les écoles, à conclut que :
– La simple déségrégation ne réduit pas généralement les préjugés des Blancs envers les Noirs.
– L’estime de soi des Noirs n’augmente que rarement suite à la simple déségrégation dans les écoles.
– La déségrégation suscite un accroissement des préjugés des Noirs envers les Blancs aussi souvent qu’une diminution de ces préjugés.
b. L’efficacité du contact : quelques exemples :
Clore & al. (1978) : font une étude dans un camp d’été inter-racial. Ils constatent des attitudes et des comportements plus positifs après seulement une semaine de camp.
Cook (1979 ; 1984) a sélectionné des étudiants extrêmement racistes, dans une université du Tennessee. Ils sont recrutés pour un travail à temps partiel, pendant lequel ils doivent collaborer pendant 20 jours avec deux personnes, dont l’une était Noire. Toutes deux étaient des comparses de l’expérimentateur. Durant le travail, les étudiantes se comportèrent amicalement avec la comparse Noire. Après les 20 jours, elles manifestaient une réduction importante de leur attitude raciste et celle-ci se maintenait plusieurs mois durant. De telles fluctuations ne se retrouvaient pas dans un groupe contrôle pour les mêmes périodes. Il faut noter que cette attitude amicale ne s’étend pas à d’autres personnes noires, elle reste ciblée.
Aronson, Blaney, Staphan, Sikes & Snapp (1978) : la classe coopérative, « the jugsaw classroom ».
c. Limitations et conditions de l’efficacité du contact :
Le succès ou l’échec du contact et son application :
– Worchel, Andreoli & Folger (1977) : lorsque des groupes ont été en compétition et sont ensuite amenés à coopérer, si cette coopération débouche sur un échec dans la réalisation d’une tache, elle peut mener à une nouvelle détérioration de la perception de l’autre.
– Worchel & Norvell (1980) : ce problème disparait si l’échec est présenté comme du à une cause extérieur. Pour éviter les effets observés dans l’expérience précédente, il faut que les groupes ne puissent pas remettre la faute de leur échec sur le groupe avec qui ils ont coopéré. A ce moment là, le fait d’avoir travaillé en coopération améliore les relations des deux groupes ayant travaillé ensemble.
Le problème de la généralisation et sa solution :
– Minard (1952) : dans une communauté minière de Virginie, composée de blancs et de noirs. Il n’y a aucune discrimination, due à la couleur de la peau, à aucun moment. Cependant, à l’extérieur de leur cadre de travail, il y a ségrégation. Une expérience dans un lieu ou à un moment donné, ne permet pas de généraliser l’étude et ses résultats.
– Bond, Dicandia & Mackinnon (1988) : en situation psychiatrique. Il y a 4 fois plus de précautions prises avec les patients noirs qu’avec les blancs. Avec le temps, le comportement et les précautions sont adaptées à la pathologie de la personne, sans tenir compte de la couleur de sa peau. Ce processus se répète à chaque nouveau patient, malgré le fait que systématiquement il y a un rétablissement d’un équilibre entre les personnes.
– Voici quelques solutions à ce problème de généralisation :
+ Wilder (1984) : généralisation et typicalité en laboratoire. On fait collaborer un sujet et un comparse. Le sujet est hostile au groupe auquel appartient le comparse. A la suite de ce contacte prolongé, où la comparse était agréable mais qui a les caractéristiques typiques de l’autre groupe (c’est un représentant du groupe), le sujet généralise son opinion positive au reste du groupe.
+ Hamilton, Carpenter & Bishop (1984) : généralisation et typicalité sur le terrain, l’insertion de familles noires. Les sujets sont des familles blanches habitant dans des quartiers ou des familles noires commencent à s’implanter. Cette étude met en évidence un paradoxe : généralement, tout se passe bien, cependant les blancs qui sont devenus proches de ces familles noires ne généralisent pas, alors que ceux qui ont une interaction moins proche avec ces familles vont généraliser.
+ Brown & Hewstone (2005) : généralisation lorsque la catégorisation est saillante.
d. Le contact : quel bilant ?
Pettigrew & Tropp (2008) : méta-analyse de plus de 500 étudiants sur le contact, « How does intergroup contact reduce prejudice ? ».
Trois processus :
– Amélioration de la connaissance concernant l’exogroupe.
– Diminution de l’angoisse du sujet du contact inter-groupe.
– Augmentation de l’empathie et du changement de perspective.
Mais, ces études restent axées sur un seul type de processus. Elles n’ont pas assez d’ampleur.
Paluk & Green (2009) : Prejudice Réduction : What works ? A review and assessment of research and practice.
Malgré le grand nombre de recherches sur cette question, il reste à développer des programmes de recherche complets, comprenant l’élaboration d’hypothèses sur bases d’observations et la mise à l’épreuve des méthodes d’intervention utilisant en parallèle des expérience en laboratoire et de terrain.
7. La perception des groupes : les stéréotypes :
Le concept de stéréotype a été introduit en 1922 par Walter Lippmann dans son livre Public Opinion.
Ils sont souvent définis par les psychologues sociaux comme une conception partagée du caractère d’un groupe : « Les stéréotypes […] ont trait aux relations de groupe à groupe. Nous les définirons comme des théories implicites de la personnalité que partage l’ensemble des membres d’un groupe à propos de l’ensemble des membres d’un autre groupe ou du sien propre. » (Leyens, 1983).
On peut aussi définir le stéréotype plus généralement comme étant « l’ensemble des croyances d’un individu relatives aux caractéristiques ou aux attributs d’un groupe. » (Judd & Park, 1993).