Histoire des APS CN1 – De l’Antiquité à la Belle Epoque
Période 1 : Les origines du sport moderne
Introduction : Qu’est-ce que le sport ?
1. Définitions du sport
Définitions Sport :
« Ensemble d’amusement, d’exercices et de simples plaisirs qui absorbent une portion assez notable du temps des hommes riches et oisifs. » Dictionnaire Larousse XIXème siècle
→ Course de chevaux, golf, escrime etc. on ne parle pas de compétition seulement de loisir et ce sport est pratiqué seulement par une partie de la population, les riches.
« Ensemble des pratiques physiques codifiées, institutionnalisées réalisées en vue d’une performance ou d’une compétition et réalisé pour garantir l’égalité des conditions de réalisation. » → Le sport n’est plus un simple amusement, il est orienté vers la performance, les pratiques sont codifiés il y a des règles et de plus elles sont institutionnalisées c’est-à-dire qu’elles vont dépendre d’organisme qui vont pouvoir organiser des compétitions par exemple.
« Tout type d’activité physique réalisé dans un but récréatif, hygiénique ou compétitif et dans un cadre réglementaire minimal. »
2. Les origines du sport
a) Thèse de la continuité
Le sport existe depuis le début de l’humanité (on trouve des caractéristiques similaires dans la pratique ou les traditions des sports : course, lancers, salut etc.)
b) Thèse de la rupture
Le sport est né avec la société industrielle et n’a rien à voir avec les pratiques antérieures (valeur propre à la société industrielle : progrès, efficacité etc. donc le sport moderne n’a aucun lien avec les pratiques existantes avant)
c) Thèse « heuristique »
Le sport est lié à la civilisation dans laquelle il se trouve. Les exercices physiques ont toujours existé et s’adaptent à la civilisation dans laquelle ils existent dans les valeurs, leur fonction, les façons de pratiquer etc. mais il y a tout de même une forme de continuité avec des modifications des exercices physiques.
I. L’antiquité
Pierre DE COUBERTIN qui a rénové les jeux olympiques au 19e siècle en s’inspirant des concours grecs. Quelles sont les filiations et les différences entre notre sport et le sport à l’antiquité ?
1. Concours dans la Grèce antique
Grèce = territoire séparé en cité constamment en guerre les unes contre les autres, la préparation militaire est donc très importante.
L’activité physique est un entrainement pour le combat et joue également un rôle dans l’éducation (50% de l’éducation est consacré à l’exercice physique)
Concours plutôt que jeux : agôn qui signifie concours
Première trace identifiée : Koroebos, 776 av JC → gagnant de course de stade nom gravé dans la roche. 1 stade = 192m
Jeux Hérens : Réservés aux femmes et composés seulement d’une course de stade
a) Fonctions des concours
➢ Fonction religieuse :
Remercier les dieux pour ceux qu’ils offrent aux humains sur terre par les exploits réalisés par les athlètes. On considère aussi que les athlètes gagnants sont les élus des dieux pour les représenter sur Terre (demi-dieu)
➢ Fonction éducative :
L’occasion de montrer que les grecs sont des citoyens athlétique (=citoyen avec une vertu morale aretê et une beauté physique kalos).
➢ Fonction communautaire :
Les citoyenssont une vitrine de l’éducation grec ainsi s’ils sont athlétiquesils font une bonne publicité. Pour les philosophes, les concours servent à rassembler les grecs derrière les mêmes valeurs et idéaux (=unification du monde grec panhellénisme)
Tous les citoyens libres peuvent concourir (pas d’étranger, de femme ou d’esclave). La plupart des athlètes font partie de l’aristocratie puisqu’ils doivent avoir le temps et les moyens de s’entrainer. Les concours sont annoncés plusieurs semaines à l’avance pour permettre de proclamer une trêve sacrée pour la circulation des athlètes. Il y avait beaucoup de cérémonies religieuses tout au long de ces concours et il se clôturait par une course en armes (en tenue militaire) pour symboliser la fin de la trêve sacrée.
2 types d’épreuves :
➢ Les épreuves athlétiques :
Course de vitesse, course de demi-fond et de fond, pentathlon (saut en longueur, javelot, disque, course de stade et lutte) ou le gagnant est celui qui gagne 3 épreuves.
➢ Les épreuves de combat :
Epreuves très violentes puisqu’on s’en sert dans la préparation des soldats. Il y a la lutte (pas de catégorie de poids), la boxe (droit qu’aux poings, arbitre avec aiguillon pour arrêter les athlètes), pancrace (tous les coups sont permis sauf mordre et aveugler son adversaire). Gagnant désigné par KO ou forfait.
Objectif : Vaincre, on ignore tous des records puisque pas de moyen de mesurer le temps, pas de distance puisque l’important est seulement de gagner.
b) Vers la fin des concours
➢ Evolution des concurrents et de leurs motivations :
Au départ, les athlètes ne gagnent qu’un cadeau symbolique sans valeur matériel. Puis petit à petit, les cités ce sont mis à offrir des biens matériels pour montrer leur richesse/puissance. Ceci a mené à la participation de de citoyens plus pauvre qu’avant mais aussi aux premières fraudes (ex : acheter ses adversaires pour gagner). Les athlètes deviennent donc des professionnels puisqu’ils sont payés pour ce qu’ils font. Pour les philosophes, les concours perdent leur valeur : la fonction religieuse et éducationnelle disparait puisqu’il ne s’agit plus que d’athlètes professionnels qui s’affrontent pour toucher les primes accordées par les cités.
➢ Invasion romaine :
Invasion en 168 avant JC en amenant leur culture et leurs jeux romains. Pendant un moment les jeux et les concours ont cohabité mais il y avait concurrence. Et finalement, en 380 Théodose décrète le christianisme comme religion d’Etat ainsi Théodose abolit les concours grecs qui rendent hommage à d’autres dieux en 393.
2. Les jeux romains
D’abord durant les rites funéraires : on met en avant le défunt et on réconforte les survivants (course hippique, sport de combat, courses à pied) et progressivement ces jeux deviennent un spectacle (ludi circenses). Ce ne sont pas les citoyens qui participent : ils sont les spectateurs. Ces jeux ont une fonction de divertissement, c’est pourquoi chez les romains on a beaucoup de structure pour accueillir le public (colisée) contrairement aux grecs. Pour cette raison les jeux doivent être très spectaculaires : il y a des courses hippiques (course de char ou cavalier acrobates), combat
de gladiateurs, reconstitution de batailles historiques. Ces jeux ont également une fonction politique pour contrôler le peuple et s’assurer son soutien (« Du pain et des jeux »).
Grosse différence avec les concours grec : recherche du spectacle et contrôle du peuple.
3. Une filiation avec les jeux olympique moderne ?
a) Continuité
La pratique physique : il y a des activités physiques qui existait à l’époque et qui existent toujours aujourd’hui malgré le changement de règles.
Le vocabulaire : athlètes vient du mot grec athlon (=effort, travail)
Structure des stades
Définitions Olympisme :
« L’olympisme est une philosophie de vie exaltant et combinant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et de l’esprit. » Charte Olympique (2014)
→ Dimension éducative
« Le but de l’olympisme est de mettre le sport au service du développement harmonieux de l’humanité en vue de promouvoir une société pacifique. » Charte Olympique (2014)
→ Unification
b) Rupture
Contexte : fonctions que l’on donne aux pratiques physiques (religieuse, militaire ont disparu des Jeux Olympiques modernes)
Réglementation et institutionnalisation : Les sports ont beaucoup de règles très claires et différents organismes gèrent le sport aujourd’hui contrairement à l’époque
Compétition : A l’époque pas de record ce qui importait était de gagner face à l’adversaire ou de faire le spectacle
Citations Olympisme :
« Le but de l’olympisme est de mettre le sport au service du développement harmonieux de l’humanité en vue de promouvoir une société pacifique » Charte Olympique (2014)
→ Pacifisme
Les concours opposaient des cités rivales et répondait à des fonctions de préparations militaire « Chaque individu doit avoir la possibilité de faire du sport sans discrimination d’aucune sorte et dans l’esprit olympique… » Charte Olympique (2014)
→ Discrimination
II. Les transformations des pratiques en France (Moyen Age – XVIIIème siècle)
Les pratiques physiques sont très divisées en fonction de l’ordre social : (peuple-noblesse mais également dans chaque ordre)
a) Exemples de pratiques divisées
Pratiques de chevaliers : leurs pratiques doivent leur permettre d’apprendre à combattre pour tenir leur rôle très important dans la société médiéval pour protéger ceux qui n’ont pas d’arme. Ils sont éduqués très tôt à travers différentes pratiques physique pour développer leur force physique (activité de déplacement, d’adresse de maniement des armes au combat) et acquérir l’esprit chevaleresque (loyauté a son seigneur). Tout au long de la vie des chevaliers entre les combats et batailles, on va trouver des pratiques physiques organisés (copié sur les situations de guerre) comme les tournois qui leur permettront d’entretenir leur physique et de se divertir.
Les jeux : pratiques très variées qui se font dans un cadre particulier (foire, kermesse, mariage etc.) dont leur seule fonction est le divertissement.
b) Caractéristiques des pratiques au Moyen Age
➢ Forte différenciation sociale et sexuée : on le retrouve dans les sports modernes mais pas autant marqué (ex : jeu de paume en extérieur pour le peuple et en intérieur pour les nobles) ➢ Ces pratiques sont violentes et peu règlementées : Il n’y a pas de règles écrites seulement des règles à l’oral de plus la société médiévale est une société marquée par les guerres et le combats et on retrouve cette violence dans leur pratique physique.
➢ Qualités valorisées : force et adresse car ce sont les qualités dont les chevaliers ont besoin. Peu de qualité de vitesse de résistance contrairement au sport moderne qui recherche la performance. ➢ L’évolution des pratiques physiques en France jusqu’au XVIIIème siècle. Les changements de la pratique sportive arrivent par le changement de la société (thèse heuristique)
c) Changement de la société
➢ La religion qui prend de l’importance à partir du XVème siècle qui interdit les jeux violents puisque contraire à ses préceptes.
➢ Importance de plus en plus grande à l’apparence, à l’étiquette ce qui pousse à ne plus tolérer des pratiques violentes.
➢ Les pratiques physiques reprennent une dimension éducative.
d) Les changements de la pratique
➢ Une « euphémisation » (Norbert ELIAS) et une codification de ces pratiques pour limiter la violence. Exemple : chez la noblesse, le rôle des chevaliers devient moins important dans une société moins en guerre et ainsi les qualités mises en valeur changent et deviennent dans la cour du roi l’apparence. On passe de pratiques violentes à des pratiques ou l’apparence est le plus important (danse, escrime de démonstration).
➢ Notion d’argent qui s’immisce dans les pratiques à partir du XVIème siècle : jeux de paris (spectateurs qui parient) ou de prix (quand un participant gagne). Cette présence de l’argent est interdite par les rois et l’église mais se développe fortement. Elle mène à une règlementation plus stricte sur les pratiques pour être sure qu’il n’y ait pas de triche mais également à un nouveau type de pratique : défi contre le temps.
On se rapproche des pratiques modernes puisqu’elles sont mieux codifiées et commence à se focaliser sur les performances.
III. Les origines anglaises du sport moderne (XVIIIème– XIXème siècle)
Invention de nouvelles pratiques en Angleterre à partir du 18e siècle qui se fait dans un contexte de révolution industrielle ou ce territoire est une grande puissance européenne.
1. Les deux formes de pratiques anglaises
Issues de 2 processus différents :
a) Logique de spectacle
➢ Sport par « procuration » : Inventé par les aristocrates anglais dans les campagnes dans une logique de divertissement : ce sont des spectateurs (sport par procuration) où ils font participer leurs domestiques (courses hippiques, courses à pied).
➢ Professionnalisation des concurrents et codification des pratiques : Progressivement un système de paris se met en place avec un grand nombre de spectateur qui engrange d’importants flux d’argent. Les domestiques veulent profiter de ce flux d’argent et commencent à s’offrir aux aristocrates qui leur assurent le meilleur salaire : ces domestiques sont donc les premiers sportifs professionnels. Les codifications des pratiques sont là pour garantir l’égalité des chances entre les parieurs.
➢ Premières formes institutionnelles : pour faire appliquer ces règles (Jockey-Club, 1750 ; National Swimming Society, 1837)
b) Logique éducative
➢ Public Schools (entre 1820 et 1860) : les règles imposées et la punition ne marchent plus pour faire respecter la discipline dans les écoles. T. ARNOLD décide d’utiliser les pratiques sportives pour faire comprendre les règles : Il demande à ses élèves de travailler sur la création d’un jeu sportif.
➢ Formation des futurs dirigeants anglais « Muscular Christians » : Forger des hommes d’initiatives, qui n’hésitent pas à s’engager mais dans le respect des règles.
➢ Institutionnalisation : création de clubs par les étudiants pour permettre une pratique extra scolaire et de structure nationales pour organiser des compétitions (Football Association, 1863 ; The Associated Metropolitan Swimming Club, 1869) qui requiert de mettre en place des règles communes à tous les clubs. La dimension éducative est très importante ainsi les fédérations sont amateures (les pratiquants ne doivent pas toucher d’argent).
On a donc deux modèles de pratiques mais dans lesquelles on trouve les caractéristiques du sport moderne.
2. Les vecteurs de diffusion en Europe et en France
La diffusion de la culture anglaise se fait facilement de par son statut de grande puissance européenne.
Vecteurs de diffusion :
➢ Les colonies : les dirigeants anglais qui vont travailler dans les colonies emmènent avec eux leurs pratiques sportives (Cricket devient sport national en Inde). Elles serviront à amener les colonies aux valeurs de l’Angleterre.
➢ Le commerce : les anglais se déplacent dans beaucoup d’endroits (ports, construction de chemin de fer) on voit pour le football qu’il s’est d’abord diffusé dans les ports et la ou les anglais ont été appelé pour construire des chemins de fer.
➢ Le tourisme : les touristes anglais se déplacent beaucoup en France notamment dans les stations thermales et balnéaires. Les Français développent les pratiques sportives anglaises dans les stations touristiques pour mieux attirer les Anglais.
Ainsi le sport moderne, compétitif, réglementé, institutionnalisé, se met progressivement en place en France à la fin du XIXème siècle.
Période 2 : L’institutionnalisation du sport en France à la Belle Epoque (Fin XIXème siècle – 1ère Guerre mondiale)
I. La diffusion du modèle anglais et son implantation en France
1. La société industrielle : un contexte propice au développement du sport moderne
L’évolution du sport est liée à l’évolution de la société : la révolution industrielle. Cette révolution industrielle fait naître de nouvelles valeurs (rendement, efficacité, performance) qui vont se retrouver dans le sport.
La révolution industrielle : profonde mutation économique au 19e qui fait passer la France d’une économie agraire et artisanale à une industrialisation et a une mutation des échanges commerciaux (1870-1914 : l’industrie passe de 31% à 60 % du revenu national).
Cette industrialisation s’accompagne d’une urbanisation non uniforme où le sport va s’implanter. Jusqu’en 1931 la population rurale est plus importante que la population urbaine donc le sport ne concerne qu’une minorité de la population, des privilégiés qui vivent en ville.
La révolution industrielle réduit le temps de travail (1906 : repos hebdomadaire ; 1912 : généralisation de la journée de 10h ; 1919 : journée de travail de 8h max) et mènent vers un découpage net entre le temps de travail et de loisir : le sport devient un élément de la vie quotidienne (surtout pour les privilégiés et les hommes)
2. Le parfum de la Belle Epoque
La Belle Epoque est effervescence culturelle et artistique qui développe les divertissements dont le sport.
On peut observer deux usages du temps libéré :
a) Le temps des « réjouissance » (classe populaires)
Chez les classes populaires, les hommes se retrouvent pendant leur temps libre pour se distraire. Les acteurs du sport jouent donc la carte du spectacle pour divertir : fêtes foraines, jeux populaires et traditions locale (pétanques, joute, pelote basque etc.) → le sport devient une pratique de sociabilité. Cette pratique peut être spontanée ou organisée ce qui nécessite un aménagement du territoire. Certains responsables politiques proposent des aménagements ce qui donnera lieu à des concours où le maire du village pourra remettre des prix, des coupes etc.
b) Le temps des « dépaysements » (Bourgeoisie)
La bourgeoisie privilégie une autre forme de pratiques : elles se retrouvent dans des lieux particuliers proposant une offre culturelle spécifique dans la pratique sportive : c’est l’apparition des premières stations balnéaires et thermales (Deauville, Vichy, Aix-les-Bains, Allevard). Des nouvelles pratiques se développent pour divertir les touristes (le polo, l’hippisme etc.) qui nécessite des aménagements particuliers distinctifs des autres classes sociales : cette classe sociale consomme du sport mais ne le pratique pas forcément.
Cette facette de la pratique sportive se développe avec le développement des transports
II. Une institutionnalisation croissante du sport
Contrairement aux états unis ou à l’Angleterre, c’est l’Etat français qui va institutionnaliser le sport. L’école est le premier lieu de diffusion du sport aujourd’hui mais avant la première guerre mondiale, les sports n’ont pas le droit de rentrer à l’école.
1. L’exemplarité du modèle anglais pour les lycéens et les étudiant parisiens
Les sports se développent grâce aux structures associatives (club) mises en place par les lycéens parisiens (Lycée Condorcet : Racing Club de France, 1883 ; Lycée Saint Louis : Stade Français, 1883). Parallèlement aux lycéens, les anglais venant sur le sol français reproduisent leur activité sportive et fondent des clubs : Le Havre Athletic Club (1872), Le Paris Football Club (1879), Le Bordeaux Athletic Club (1879)
Ces premiers sportifs pratiques : l’aviron, la course à pied, lawn-tennis, golf, hippisme, le skating, le football-rugby.
L’opinion est extrêmement réservée pour cette jeunesse sportive mais malgré tout l’expansion des clubs et structures continue.
2. Les facteurs favorables au développement du mouvement sportif associatif (1880 – 1890)
a) Changement du regard scientifique et médical
Travaux de Chauveau et Marey (1884) sur le transport de l’oxygène par le sang qui amène la communauté scientifique à s’intéresser au fonctionnement du muscle (vision anatomique→ vision physiologique).
On est au début de la IIIème république, les républicains mettent en évidence la santé désastreuse de la jeunesse et propose de s’intéresser au sport : le sport devient un élément de redressement de la nation.
Rapport de l’Académie de médecine (1887) : le sport n’est pas seulement un divertissement il peut être utile à la nation (ouvrier en bonne santé et sportif plus rentable)
Physiologie des exercices du corps (1888) : on prend conscience que le sport peut être utile à la nation sur le plan sanitaire.
Station physiologique du parc des princes, 1881 : premier centre de recherche appliqué au monde sportif.
b) Courant réformateur du système éducatif français
La réussite politique et économique inspire les politiques français qui recherchent dans le système éducatif anglais les raisons de son succès : Une campagne se met en place en France pour demander l’intégration du sport dans le système éducatif français
Pascal GROUSSET : fondateur de la Ligue Française d’Education Physique
Philipe TISSIE : à l’origine de la Ligue Girondine d’Education Physique et des lendits Pierre DE COUBERTIN (1863-1937) : Il découvre lors de ces voyages en Angleterre l’une des forces de la première puissance mondiale de l’époque : le système éducatif. A son retour il cherche à imposer les sports à l’école. Il publie L’Education en Angleterre (1884) où il se positionne comme un défenseur de ce système puis il crée avec l’aide d’un sénateur le comité Jules Simon pour la propagation des exercices physiques dans l’éducation. Son projet échoue face à l’anglophobie des responsables politiques et le poussera à se tourner vers d’autres institutions extrascolaires et crée le Comité International Olympique (1894).
Les Jeux olympiques s’appuient sur une institution (le CIO) qui organise un évènement tous les 4 ans, dans le but de célébrer un idéal : l’olympisme. Cet idéal se définit par un ensemble de valeurs au caractère élitiste, religieux et qui se veut universelle (démocratie, liberté, promotion de l’Homme) qui permet de développer l’amitié, le respect, l’excellence, etc…
c) Clubs et fédérations
Première vague dans le dernier ¼ du XIXème siècle jusqu’à la 1ère Guerre Mondiale : en janvier 1887 George DE SINCLAIR (secrétaire général du stade français), après une réunion avec des coureurs du stade français, décide de créer une structure plus large : Union des sociétés françaises de course à pied qui a pour vocation d’écrire des règlements et d’organiser des rencontres entre les clubs le premier championnat de France est mis en place en 1888 et oppose les participant sur des épreuves de 100m, 400m, 1500m et 100m haies. En 1889, Il propose d’élargir les activités de l’union à l’ensemble des sports : il rencontre Pierre de Coubertin et fonde l’Union des Sociétés Française des Sports Athlétiques. Cette nouvelle union a 5 objectifs :
➢ Propager les exercices physiques de plein air
➢ Etablir des règles uniformes et propres à chaque exercice
➢ Encourager la formation de société destiné à pratiquer les sports athlétiques et les sports de plein air
➢ Réprimer tous les abus (exclusion des professionnels)
➢ Instituer des concours entre les différentes sociétés
Grâce à cela, l’union est capable de développer, unifier et contrôler les pratiques sportives de la même façon que l’AAA (Amateur Athletic Association) en Angleterre. Elle se divise en commission qui gèrent chaque sport c’est donc une fédération multisport. Pour ça elle diffuse deux revues (mensuel : La revue athlétique, hebdomadaire : Les sports athlétiques). Après 1894 elle s’organise également en comité régionaux.
Malgré la présence de l’UFSA, certaines pratiques ont leur propre fédération : soit parce que les acteurs de cette pratique maintiennent une distance aristocratique avec les autres classe sociale (escrime, automobile, golf etc.) soit parce qu’il s’agit de pratique développées antérieurement à l’USFSA ou parce qu’il s’agit d’activité plus populaire (cyclisme, lutte, haltérophilie, boxe).
Exemple de l’UVF (Cyclisme) : démontre que l’héritage culturel français a une influence sur le type de pratique qui se développe sur son territoire. Première époque (1818-1820 sous la Restauration), deuxième (1861-1870 sous le Second Empire) et le troisième (1889-1903 sous la Troisième République) : Les deux premières phases sont aristocratiques mais la troisième concerne la bourgeoisie. Cet essor est expliqué par les progrès de la technique (Henri LAWSONen 1880 qui propose le pédalier, John BERLOP (1888) qui monte les vélos sur pneumatique) mais également par une dichotomie sur le plan institutionnel puisque parallèlement à l’UVF (compétition) on voit apparaitre une autre forme de pratique (TCF : Touring Club de France). On voit donc que l’institutionnalisation des sports en France n’est pas un simple copier-coller de ce qui se fait en Angleterre.
D’autres organes fédérateurs : Comité National des Sports (1908) et Comité Olympique Français (1911) qui fusionneront pour donner le CNOSF.
d) Les premières compétitions nationales
1ers Championnats de France : Rugby (1892), football (1894), natation (1899), boxe (1903), pelote basque (1906), ski (1907), Tour de France (1903).
e) La naissance de la presse sportive
Les informations sportives s’immiscent dans la presse généraliste avant de créer une presse spécialisée dans le sport, exemple : l’Auto-Vélo (1900).
La fonction des journaux est modifiée, les journaux vont prendre part à la création d’évènements, exemple : Tour de France (1903)
f) Idéologie républicaine et développement de la gymnastique
En 1870, la défaite contre la Prusse a un grand impact sur la gymnastique :
➢ Politique : La France prépare sa revanche sur la Prusse
➢ Sanitaire : Les hygiénistes veulent renforcer la santé du peuple dans un but de « régénération de la race » et de contrôle des populations
➢ Efficacité : l’exercice physique permet d’atteindre des objectifs plus économiques en apprenant aux employé le contrôle de leur corps, l’obéissance au chef et l’efficacité du geste ➢ Sociabilité et solidarité : Toutes réunions de personnes est sous contrôle, faire de la gymnastique est un moyen de se retrouver avec des gens
1873 : Union des Société de Gymnastique de France (USGF)
Objectif = « Répandre en France et dans les colonies l’idée gymnique et de propager par les méthodes de la gymnastique, l’éducation physique dans la masse de la jeunesse française et, en provoquant en tout lieu la formation de sociétés nouvelles, de participer à la rénovation de la race ». Devise = Patrie, Courage, Moralité et l’insigne est une Marianne.
1900 : Création du Brevet Militaire de Gymnastique et de Tir pour s’engager pendant 3 ans à l’armée. 1903 : Cours Supérieur d’Education Physique et deviendra un centre de formation pour professeur d’éducation physique. Cette union est donc une institution puissante de la république agrée par le ministère de la guerre.
Comme la plupart des clubs de sport, ces sociétés sont exclusivement masculines mais regroupent pourtant tous les milieux sociaux, il y a surtout des jeunes hommes. Avec la montée du nationalisme la création de ces sociétés est exponentielle.
III. Diffusion du sport dans la société et résistance
1. La progression des effectifs sportifs
Le sport commence à intéresser le monde adulte et la loi association de 1901 est promulguée (avant les clubs fonctionnaient sans être déclarées auprès de la préfecture).
On observe une progression lente mais régulière des effectifs : avant la guerre il y a près de 1700 sociétés et 300 000 membres pour 39 millions d’habitants.
Au niveau géographique on observe des différences entre Paris et la province à cause de la très forte densité associative sur Paris contrairement aux départements ruraux. La densité associative est également plus forte dans les zones urbaines grâce aux moyens de transport. La progression du sport est donc profondément guidée par l’urbanisation.
Cette diffusion n’est pas si facile : d’autres institutions sportives veulent concurrencer USFSA refusant son impérialisme et les valeurs qu’elle défend. Deux institutions particulièrement : Fédération Gymnique et Sportive des Patronages de France en 1898 (FGSPF aujourd’hui FSCF) et L’union Sportive du Parti Socialiste 1907 (USPS) ;
2. Le sport catholique (FGSPF)
Quand le sport moderne s’institutionnalise, ces premiers pratiquants revendiquent la neutralité (religieuse ou politique) le but est le divertissement, la santé ou la préparation militaire, mais ce n’est pas toujours le cas. A la fin du XIXème siècle la France est partagée entre républicains et catholiques (1905 : Loi de Séparation de l’Eglise et l’Etat). L’éducation de la jeunesse est donc un enjeu majeur pour transformer la société et depuis 1840 il existe des patronages pour l’édification religieuse et morale de ces jeunes gens. Ces structures sont éclatées et n’accordent pas de place aux activités physiques mais en 1898, le Docteur MICHAUX décide de créer une structure pour rassembler les patronages dans le but qu’un patronage se dresse contre chaque école, et arrive à convaincre de l’utilité des activités physiques pour attirer les jeunes. En 1900 on compte 2 350 adhérents, en 1903 elle devient la FGSPF et compte 10 000 adhérents, avant 1914 on compte 150 000 adhérents.
La FGSPF est au croisement du sport et de l’Eglise (une messe est souvent dite après les rencontres) mais a également pour ambition la patrie et la santé (Devise = Dieu et Patrie) et elle est multisport.
3. Le Sport Ouvrier (USPS)
5 directions :
➢ Développer la force musculaire et purifier les poumons de la jeunesse prolétarienne ➢ Donner aux jeunes gens des distractions saines et agréables
➢ Amener au parti des jeunes camarades
➢ Faire de la publicité
➢ Développer l’esprit d’association et d’organisation
1908 : Fondation de la Fédération Sportive Athlétique Socialiste (FSAS) avec 8 clubs dans la région parisienne. Elle deviendra la Fédération Socialiste de Sport et de Gymnastique (FSSG) en 1913. Cette fois le projet est politique et elle se positionne explicitement contre le USFSA considéré comme bourgeois et contre le sport catholique considéré comme réactionnaire. C’est aussi une fédération multisport. Mais le succès n’est pas au rendez-vous : en 1914 il y a un millier d’adhérents.
4. Sport et masculinité hégémonique
On ne compte presque aucune femme dans les sociétés sportives
Code Napoléon de 1804 : « Les personnes privées de droits sont les enfants mineurs, les femmes mariées, les criminels et les débiles mentaux. » « La femme doit obéissance à son mari. » A la fin du XIXème siècle, il y a une crise de la masculinité traditionnelle : la nouvelle génération de jeunes hommes craint de ne pas pouvoir assurer sa position dominante. Pour se rassurer ils ont besoin d’espaces réservés qui correspondent à des valeurs de virilité comme les sociétés sportives et c’est pourquoi l’accès à ces sociétés sont souvent interdit aux femmes. Le corps médical soutient cette position en affirmant que le sport est dangereux pour la femme. Ces facteurs vont avoir des répercussions sur les types d’activités qu’elles seront « autorisées » à pratiquer (mettant en avant la grâce, la souplesse etc.)
5. Une diffusion contrastée : sport comme anti-gymnastique ?
L’Europe réagit à la peur de « dégénérescence de la race » en définissant de grand système de gymnastique. Les caractéristiques des sociétés de gymnastiques obligent à les considérer comme radicalement différentes des clubs sportifs car la gymnastique n’est pas un sport mais une pratique intimement liée au contexte patriotique.
6. Débats amateurs/professionnels
USFSA est une institution qui rassemble des nobles et des bourgeois et ceci a des conséquences sur les choix politiques et notamment sur la notion d’amateurisme qui rend impossible la participation des ouvriers. Ce positionnement va créer des polémiques et donc l’émergence d’institutions concurrentes.
Conclusion :
On voit émerger une diversité de pratiques physique prenant son inspiration chez l’Angleterre mais pas seulement.
L’USFSA est importante mais n’est pas la seule institution sportive à la fin du XIXème siècle : il y a des sports qui ont leur propre institution ou alors des fédérations multisports concurrentes. Le contexte est favorable à l’émergence de ces nouvelles pratiques mais limité quant à leur diffusion (socialement, sexuellement et géographiquement).